Vendredi 13, est-ce un jour de chance ou de malchance ? Décryptage !
Jour de chance ou de malchance, le vendredi 13 laisse peu de personnes indifférentes. Date chargée de bonheur pour certains, il assombrit la journée de ceux qui l’associent à l’infortune. Alors ce jour chargé de superstitions, est-il un jour maudit ou sacré ?
Les vendredis 13 occupent dans le calendrier une place à part pour bon nombre de Français. La simple évocation de cette date honnie va éveiller des peurs ancestrales chez les paraskevidékatriaphobes, les personnes phobiques de ce jour si spécial.
D’une année à l’autre, les hasards du calendrier vont plus ou moins multiplier le nombre d’occurrences de cette date, tantôt attendue et tantôt redoutée. À savoir que pour que le 13 tombe un vendredi, le premier du mois doit obligatoirement tomber un dimanche.
Cette implacable logique mathématique n’est toutefois pas la cause de la variation de l’occurrence annuelle des vendredis tombant le treizième jour du mois. En effet, c’est bien entendu notre calendrier qui s’adapte au cycle solaire et non lunaire.
Les années 2021 et 2022 comptent ainsi qu’un seul vendredi 13, tandis que 2026 en dénombre 3 ! Une perspective qui fait frémir d’avance les paraskevidékatriaphobes, mais qui enchante les personnes qui y voient une date aux auspices favorables. Zoom sur les dessous d’une superstition bien ancrée !
Pourquoi le vendredi 13 fait-il aussi peur ?
L’origine des croyances populaires est parfois difficile à retracer. Dans ce cas précis, il semble que la peur du vendredi 13 possède des origines religieuses. Cette date associe le treizième invité de la Cène au jour de la crucifixion de Jésus. Elle cumule ainsi deux infortunes pour créer un jour particulièrement funeste.
Si ces racines bibliques ont été le facteur décisif dans la création de cette superstition, elles surfent également sur des croyances païennes profondément ancrées en Occident depuis l’Antiquité.
Le 13, un nombre à la réputation sulfureuse ?
Depuis l’Antiquité, le 13 pâtit d’une réputation douteuse. Pour les Grecs et les Romains, il vient détruire la perfection engendrée par le 12 pour provoquer le désordre.
La phobie du 13, la triskaïdékaphobie, se retrouve également dans la mythologie nordique.
Pour les scandinaves, le chiffre 13 porte malheur en raison d’un dîner mythique au sinistre destin. Mécontent de ne pas être convié à un dîner organisé par Odin pour 11 autres dieux, le Dieu Loki s’invita de force au festin. La bagarre qui suivit coûta la vie à Balder, le Dieu « bien aimé ».
Le vendredi, un jour funeste ?
Dans le monde chrétien, le vendredi est invariablement associé à un jour de pénitence et à la crucifixion du Christ.
L’origine funeste de ce jour vient bien entendu de la Rome Antique. Il s’agit du jour de la semaine où les exécutions avaient lieu. C’est d’ailleurs ce qui explique que la mise à mort de Jésus ait été un vendredi.
Ce jour est également maudit dans les pays du nord. Autrefois considéré dans les cultes païens comme un jour de célébration de Freya, la déesse de l’amour et de la fertilité, il fut diabolisé par le clergé lors de la christianisation de la Scandinavie.
Le vendredi 13, un jour maudit dans certaines cultures…
En Europe, la peur du vendredi 13 est ancrée différemment d’un pays à l’autre. Phobie ancienne en France, elle est récente en Allemagne et inexistante en Espagne, en Grèce ou en Italie qui craignent d’autres dates.
L’enracinement de la mauvaise réputation du vendredi 13 en France remonte très certainement au début du XIVe siècle.
C’est en effet le vendredi 13 octobre 1307 que le roi Philippe le Bel fit procéder à l’arrestation des Chevaliers du Temple sous de fausses accusations, avant de les faire condamner à mourir sur le bûcher.
En Allemagne, la phobie de cette date est connue sous le nom de Raskavedekatriaphobie. Cette tendance récente s’est développée après la seconde Guerre Mondiale. Elle ne possède donc pas encore de véritable tradition culturelle outre-Rhin.
En Espagne et en Grèce, la seule peur que vous rencontrerez en évoquant le vendredi 13 est celle que les habitants de ce pays ont ressenti en regardant un des 12 films de la saga d’horreur hollywoodienne.
Et pour cause, dans ces pays, c’est le mardi 13 qui fait frémir ! Il s’agit ici d’une référence au Dieu romain Mars, présage de destruction et de violence.
Sur la botte, c’est le vendredi 17 qui fait peur ! Pour les numérologues italiens, cela vient d’une anagramme qui peut être composée à partir des chiffres romains XVII.
Le mot latin « VIXI » correspond à une forme passée du verbe « Vivre » qui se traduit par « J’ai vécu ». En associant le vendredi et ce chiffre de mauvais augure, nos voisins transalpins ont construit leur propre dualité puissante de malheurs.
Si vous partez en Asie, le 13 est associé à la vie dans les cultures chinoises et japonaises. Vous ne trouverez donc que très peu de triskaïdékphobes dans ces cultures.
Pourquoi le vendredi 13 est-il désormais un jour de chance pour certains ?
Dans l’imaginaire collectif des Français, le vendredi 13 a progressivement gagné un sens positif associé à la chance.
Cette transmutation des connotations associées à cette date pourrait être le résultat d’un mécanisme anthropologique : les rituels d’inversion. Il s’agit de transformer le maléfique et bénéfique en conjurant le mauvais sort à l’aide d’un cérémonial ostensif.
Ce processus a, très certainement, été favorisé par le marketing volontaire mené par la FDJ afin de transformer cette date particulière en « Journée de la Chance ». Elle a organisé des tranches de tirages spéciales les vendredis 13 dès les années 1930.
Autant d’occasions pour les Français de tenter de transformer le négatif en positif en participant aux tirages spéciaux organisés tous les vendredis 13 par la FDJ comme le Super Loto.
Pour la FDJ, chaque occurrence de la date est une véritable aubaine ! Ses « Super Loto » attirent 2 à 3 fois plus de joueurs et de prises de jeu que les tirages classiques. Idem pour certains jeux de grattage dont le marketing est exclusivement associé au nombre 13 !
Pour autant, ce phénomène de transmutation reste ancré à une culture régionale ou nationale. Seules les loteries belges et françaises thésaurisent sur les superstitions de leurs clients joueurs en organisant des événements spéciaux lors de ces journées particulières.
N’allez d’ailleurs pas proposer à un Irlandais ou à un Anglais de jouer un vendredi 13, pour eux cette date est synonyme d’incroyable poisse !