« T’as vu, t’as perdu », la campagne de prévention de l’ANJ pour les paris sportifs
À notre époque, les addictions aux paris sportifs (et autres jeux d’argent…) sont un vrai fléau de santé publique.
Pour remédier à ce constat, plusieurs mesures ont été mises en place pour anticiper de tels risques, avec l’Arcom notamment qui durcit peu à peu les règles. Parallèlement à cela, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a décidé de lancer une campagne de sensibilisation : « T’as vu, t’as perdu ».
Parce qu’en effet, en pleine Coupe du Monde de football au Qatar, les paris sportifs ont le vent en poupe.
Pour tenter de réguler ce secteur, l’ANJ a donc sorti un clip de rap audacieux « T’as vu, t’as perdu », avec l’objectif de « prévenir les risques de jeu excessif auprès des jeunes » tout en luttant « contre les fausses croyances associées aux paris sportifs ».
Des professionnels mobilisés contre l’addiction aux jeux
Cette campagne de prévention de l’ANJ a fait appel à l’agence Rosbeef pour réaliser le rap intitulé « T’as vu, t’as perdu » (voir la vidéo en bas de cet article).
Ils ont également collaboré avec certaines pointures du rap français, comme le beatmaker BLV par exemple. Ce morceau met en scène la chute tragique vers la dépendance aux jeux d’un parieur.
Ce dernier, trop sûr de lui dans sa capacité à se refaire, est entraîné dans la spirale infernale de l’addiction aux paris sportifs. Tous les codes urbains dont cette population de jeunes joueurs est friande sont utilisés.
Le morceau « T’as vu, t’as perdu » est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Un clip a aussi été produit : il fait la part belle aux prises de vues réelles, mélangées à des typos kinétiques qui représentent parfaitement cette mise en scène de descente aux enfers vers l’addiction aux jeux.
En complément de cela, certains influenceurs, ainsi que le média Booska-P, utilisent « T’as vu, t’as perdu » comme base, pour tenter de sensibiliser leurs jeunes communautés sur les excès engendrés par les paris sportifs.
La campagne de prévention de l’ANJ passe également par la radio, avec Skyrock en l’occurrence. Enfin, tout cela est appuyé par un placardage d’affiches, dans des lieux relativement passants (tel que Châtelet par exemple), relatant des punchlines impactantes.
L’ensemble de ces éléments redirige l’auditeur ou le visiteur vers le site « evalujeu.fr ».
À qui s’adresse le clip de rap de l’ANJ « T’as vu, t’as perdu » ?
Certaines punchlines du rap proposé par l’ANJ « T’as vu, t’as perdu » sont très explicites : « tu pensais que t’allais tuer le game, tout ce que t’as gagné c’est la shame » (honte en anglais).
Ou encore : « endetté pour 18 ans, alors que t’as même pas 18 ans ». Le message est clair : beaucoup trop de jeunes ont répondu à l’appel des sirènes des bookmakers (agréés en France ou pas…) et pensent pouvoir vivre financièrement des paris sportifs.
Et ces phrases du rap « T’as vu, t’as perdu » reflètent bien ce que souhaite cibler précisément l’ANJ : tout ce qui pose problème dans cette pratique et pouvant aller jusqu’à l’addiction aux paris sportifs.
Il faut mettre en exergue que des joueurs « accro », pour satisfaire leur addiction, vont même jusqu’à contracter des crédits à la consommation…
Certains joueurs peuvent surestimer leur expertise ou même sous-estimer complètement le hasard. D’autres encore, estiment qu’ils pourraient gagner leur vie avec les gains de ces paris ou que ces derniers pourraient être tout au moins un minimum un facteur d’ascension sociale.
Cette campagne de prévention de l’ANJ ne repose pas sur rien, il faut le souligner.
En effet, selon une étude réalisée par l’Observatoire des Jeux en 2019, 1,4 million de personnes adepte des jeux d’argent (poker, paris, casino et même jeux de grattage entre autres) a été répertorié comme à risque, et parmi elles, 400 000 auraient déjà atteint un niveau pathologique… et c’est le même fléau en Italie par exemple, voire même pire…
C’est pourquoi l’ANJ reste très attentive sur la dépendance aux jeux, même ceux de la FDJ. Pour exemple, le jeu de grattage X50 a été rejeté dernièrement par l’ANJ pour motif de risques d’addiction, tout comme ses publicités prévues pour 2023.
L’effet néfaste des grands évènements sportifs
Ce n’est effectivement pas un hasard si cette campagne de prévention de l’ANJ sur les risques de jeu excessif avec les paris sportifs tombe au même moment que l’ouverture de la Coupe du Monde de football.
L’ANJ a réalisé une étude qui constate que ce type d’évènement, et plus particulièrement le football, a tendance à générer des sommes astronomiques à travers les paris sportifs.
De cette manière, en juin 2021, l’Euro 2020 a engendré 435 millions d’euros de mises sur internet. De son côté, la Coupe du Monde de 2018 n’est pas en reste, avec 366 millions d’euros de mises également via internet.
Comme il a pu être constaté une nette croissance, durant les derniers mois, concernant ce segment des paris sportifs, il est à prévoir que cette Coupe du Monde de football 2022 battra tous les records en terme de mises.
Et un des facteurs pouvant faire encore plus monter les enjeux reste le parcours de l’équipe de France durant cette compétition.
Le football est en effet le sport qui enregistre le plus de paris sportifs, avec une mise moyenne mensuelle de 240 € par joueur. Arrivent ensuite le tennis et le basket.
L’archétype du parieur est principalement un homme de moins de 35 ans (à hauteur de 70 %).
Selon les données recueillies, quasiment plus d’un tiers des personnes qui vont suivre ce mondial compte également miser de l’argent sur les matchs (soit 36 %).
Les paris sportifs : beaucoup de joueurs pour peu d’élus…
La campagne de prévention de l’ANJ avec son clip de rap « T’as vu, t’as perdu » doit également tordre le cou à certaines idées reçues.
Par exemple, les paris sportifs seraient un excellent moyen de se faire de l’argent facile. Réponse immédiate de l’ANJ : c’est absolument faux !
L’organisme a mené une étude en 2021 : en prenant en compte l’ensemble des joueurs (soit environ 3,2 millions de personnes), environ 27 000 d’entre eux arboraient un bénéfice qui atteignait les 1 000 € (ce qui représente moins de 1 % sur la totalité des joueurs).
Et seulement 1 280 parieurs ont gagné plus de 10 000 € en un an (soit 0,03 % sur la totalité des joueurs). Ces résultats sont là pour amorcer une réflexion sérieuse.
L’ANJ recommande également de ne pas faire confiance aux pronostiqueurs qui vous incitent aux paris sportifs. Au regard de la loi, cette activité peut être considérée comme « une pratique commerciale trompeuse », pouvant aller, parfois, jusqu’à « l’escroquerie ».
Que faire face à une addiction aux jeux ?
Il existe plusieurs dispositifs pour les parieurs à risque, même si l’ANJ reconnaît que la majorité des gens ont une pratique récréative et maîtrisée.
Mais, si l’on souhaite évaluer la situation et être en mesure de lutter contre une addiction aux paris sportifs (ou autres jeux d’argent), il ne faut pas rester seul. Et la campagne de prévention de l’ANJ est faite pour justement mettre en lumière cette addiction aux jeux.
Plusieurs outils sont disponibles. Par exemple, la plateforme Evalujeu. Cette dernière donne l’opportunité d’évaluer sa « consommation » de jeu, tout en obtenant des conseils particuliers pour en conserver la maîtrise ou se faire aider si l’on se rend compte de son addiction.
Justement, avec la Coupe du Monde en cours, la plateforme propose de réaliser un test en neuf questions pour évaluer votre connaissance des paris sportifs.
Si une personne rencontre des difficultés ou se rend compte elle-même de son addiction aux jeux, elle peut s’inscrire sur le fichier volontaire des interdits de jeux.
Et si vous ressentez le besoin d’avoir une écoute personnalisée, n’hésitez pas à prendre contact avec la plateforme « Joueurs Info Service » disponible en ligne ou au 09 74 75 13 13 (appel non surtaxé, ouvert 7j/7 de 8h à 2h).
Une autre plateforme est aussi à votre disposition en ligne ou par téléphone au 09 69 39 55 12 (appel non surtaxé), il s’agit de « S.O.S Joueurs ».
L’addiction aux paris sportifs est, comme nous l’avons déjà dit, un vrai fléau qui peut ruiner une vie.
Si vous avez l’impression que les choses prennent trop d’ampleur, les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) peuvent vous venir en aide. Ils contribuent à une prise en charge médicale, psychologique, éducative et sociale complète.