Pourquoi notre cerveau veut jouer ?
Le jeu, le divertissement, bien qu’étant des faits non-inhérents à notre espèce, sont des choses que l’homme semble pratiquer avec le plus de cœur et de délectation.
Faire plus évident serait sans doute difficile puisque chacun a déjà éprouvé au moins une fois ce fort penchant à s’orienter vers la console du salon, ou à laisser glisser sa souris sur l’icône d’un jeu pour une petite partie d’échecs ou autres jeux qui nous prennent aux tripes !
Quelles sont les raisons à ce penchant de notre cerveau pour jouer ? Ne pouvons-nous pas travailler et réussir brillamment sans être parasité par ces inclinations qui se présentent à nous, souvent dans les pires moments ?
Tout cela est la faute, et vous vous en doutez sûrement, à notre cerveau !
En effet, loin d’effectuer une sélection minutieuse de nos habitudes de vies en fonction des jeux auxquels nous nous adonnons, le cerveau dicte un certain nombre de désirs qui trouvent leur satisfaction dans le jeu.
Cependant c’est sous le principe premier du plaisir que ce besoin se fait sentir… et quel besoin ! Le plaisir semblerait être impératif au bon fonctionnement cérébral, celui-ci poussant son chanceux propriétaire à se délasser dans un quelconque plaisir.
Des expériences qui démontrent le plaisir de jouer
Romain Ligneul, doctorant au centre de neurosciences cognitives du CNRS à Lyon, explique par une expérience menée entre 1950 et 1960 sur des rats, puis sur des primates, que la stimulation des zones du plaisir du cerveau résultent d’une action qu’il nous pousse lui-même à faire.
Mais loin de ne susciter que du plaisir, le cerveau est réactif à différentes sortes de stimuli, vous vous en doutez bien !
Les philosophes, longtemps avant l’Imagerie à Résonances Magnétiques (IRM), avaient donc vu juste : le plaisir se distingue en plusieurs types de satisfactions, entre le plaisir déontologique qui trouve sa source dans le sentiment de contentement après un labeur chèrement accompli, accompagné du plaisir pur, souvent dispensé dans les jeux vidéos où la projection du joueur se fait dans la réalisation d’actes gratuits, et sans grandes conséquences, jusqu’au plaisir empathique qui se manifeste dans les jeux en ligne ou d’argent ou dans les jeux de coopération.
Nul besoin d’approfondir le fait, mais ce qui est notable reste la segmentation qu’opère notre cher cerveau dans les pratiques de divertissements dont on se gratifie !
Notre cerveau veut jouer, il veut de la dopamine le bougre !
L’argument commun à cet étalement des pratiques réside dans le fait que le sentiment d’agréable n’est pas attaché à l’aboutissement d’un acte satisfaisant, mais aux mécanismes qui se mettent en branle pour parvenir à la réalisation de cet acte agréable, et les jeux en font partie.
La difficulté ou l’ajout successif d’alternatives à l’accomplissement de l’agréable concèdent au plaisir une valeur ajoutée, si ce n’est, sa vraie valeur. En conséquence, le procédé de récompense du cerveau est intimement lié au procédé d’apprentissage et au labeur impliqué dans sa mise en œuvre.
Plus le joueur se trouvera confronté à un large écueil, plus le plaisir ressentit à le surmonter sera grand, dans les faits, mais aussi chimiquement car cela aura pour effet, du point de vue neurohormonal, de relâcher plus ou moins de dopamine : l’hormone du plaisir.
Ce neurotransmetteur de la famille des catécholamines trouve alors tout son effet sur la plasticité cérébrale qu’on observe particulièrement bien sous IRM, alliée à la modification des comportements vers quelque chose, systématiquement, de plus positif.
Jeremy Bentham, philosophe anglais du XIXème siècle ne se trompait donc que très peu lorsqu’il se mit à parler en 1834 de « L’arithmétique des plaisirs », même si il le mettait singulièrement en lien avec le plaisir déontologique, qui représente alors le mieux l’action du cerveau relativement au contentement.
Ainsi se développent parallèlement des aptitudes dont le cerveau a besoin tous les jours.
Une étude publiée en 2003 dans le journal Nature et réalisée par les Professeurs C. Shawn Green et Daphné Bavelier du département des neurosciences de l’université de Rochester, démontra que l’acuité visuelle et la capacité à discerner rapidement des objets confondus sont décuplés chez les individus qui jouent régulièrement aux jeux vidéos, et aux jeux impliquant une vivacité d’esprit et d’analyses, comme le poker, les échecs, les paris sportifs, bref tous les jeux de compétences.
Au final, notre cerveau nous demande de jouer et nous lui obéissons volontiers : c’est bon pour notre moral et ça participe au développement de nos aptitudes cognitives. Avec plaisir, cher cortex !