Michèle Alliot-Marie et les Casinos Partouche: un scandale en vue ?
Il y a quelques jours, les journalistes de Mediapart ont, comme ils en ont l’habitude, délivré une véritable « bombe » sur leur site Internet en rendant public un dossier sur lequel ils travaillaient depuis plusieurs mois.
Dans ce scandale à priori boursier mis en lumière par Mediapart, la principale mise en cause est Michèle Alliot-Marie, députée européenne du parti Les Républicains et ancienne Ministre de l’Intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Elle est effectivement accusée d’avoir favorisé l’industrie des casinos français au moment même où certains de ses proches achetaient des actions de la Société Française de Casinos (SFC) et des Casinos Partouche.
Michèle Alliot-Marie favorable au développement des casinotiers… pour doper la valeur des casinos Partouche et de la SFC ?
Alors qu’elle pensait probablement enfin être tranquille en siégeant à Bruxelles, voilà donc que Michèle Alliot-Marie se retrouve une nouvelle fois dans la lumière et pas pour de bonnes raisons puisque, selon Mediapart, elle serait au cœur d’un scandale qui a un rapport à des actions en bourse.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 2007 et à la nomination de Michèle Alliot-Marie à la Place Beauvau.
Alors en poste, l’ancienne Maire de Saint Jean de Luz (Pyrénées Atlantiques) aurait fait en sorte que de nombreuses mesures en faveur des casinos français soient prises alors même que plusieurs de ses proches, dont son père, disposaient d’actions de la SFC et des Casinos Partouche.
Toujours selon Mediapart, Michèle Alliot-Marie et Patrick Ollier, son compagnon, étaient également très proches des propriétaires des Casinos Partouche puisque Mediapart affirme que l’ex-Ministre de l’Intérieur aurait séjourné chez la famille Partouche durant l’été 2007.
Ses affinités avec les gérants du Groupe Partouche, mais aussi les investissements de ses proches en actions boursières seraient-ils dont à l’origine des nombreuses mesures prises par Michèle Alliot-Marie en faveur de l’industrie des casinotiers en France ?
Rien n’est moins sûr mais il faut admettre qu’en 2008 et 2009, les casinotiers ont pu profiter de nombreux avantages. Néanmoins, selon nous, ceux-ci étaient nécessaires compte tenu des baisses majeures de chiffres d’affaire des casinos français à cette époque. Et cette hécatombe de recette a duré jusqu’en 2014…
Bref, qu’il s’agisse des Casinos Partouche ou des concurrents, tous ont ainsi pu bénéficier d’une diminution des prélèvements fiscaux vécue à l’époque comme une bouffée d’oxygène par tous les acteurs du secteur.
De même, les règles d’installation des machines à sous avaient été assouplies, des versions électroniques de jeux de table comme la roulette électronique avaient été autorisées alors que l’interconnexion de plusieurs machines pour constituer un seul jackpot, plus important, avait aussi été accordée.
Mieux encore, la possibilité d’organiser des tournois de poker hors établissement et plus de 100 compétitions par an avait été entérinée.
Par toutes ces mesures, Michèle Alliot-Marie avait d’ailleurs ouvert la voie à la légalisation des jeux d’argent en ligne dont l’annonce, quelques semaines plus tard, a considérablement fait grimper la valeur en Bourse des actions des Casinos Partouche mais aussi de la SFC (Société Française des Casinos).
Des étranges placements dans les Casinos Partouche des associations gérées par Bernard Marie ?
Or, cela tombait plutôt bien puisque pendant que Michèle Alliot-Marie était en poste à Beauvau, d’étranges placements dans les Casinos Partouche et dans la Société Française des Casinos avaient été réalisés par des sociétés contrôlées par la famille Marie.
Si l’on en croit Mediapart, deux associations gérées par la famille Marie auraient effectivement choisi de placer une partie de leur argent dans des titres de casinotiers, en l’occurrence des actions de la Société Française des Casinos et des actions Partouche.
La première association concernée par ce scandale serait ainsi Le Rayon Vert, dont l’objet n’a strictement rien à voir avec l’industrie des jeux d’argent puisqu’il est de venir en aide aux personnes démunies à Biarritz et ce, depuis maintenant plus de 40 ans.
La seconde association au cœur de ce scandale boursier selon Mediapart, serait l’Association pour l’Organisation des Festivals (AOF) qui avait vocation à financer des festivals sur la Côte Basque.
Selon des documents que se seraient procurés les journalistes de Mediapart, Le Rayon Vert aurait des participations dans la Société Française des Casinos et détiendrait 2 000 actions des Casinos Partouche ainsi que des actions auprès d’une holding baptisée Electricité et Eaux de Madagascar.
AOF aurait quant à elle acquis les mêmes actions mais n’aurait pas de participations dans la SFC.
Avec ces placements, Bernard Marie, père de Michèle Alliot-Marie décédé en 2015, a en tout cas permis à ses deux associations d’encaisser de très jolis dividendes selon Mediapart.
La révélation du scandale, et après ?
Pour autant, il est vrai que la situation de Michèle Alliot-Marie aujourd’hui est des plus inconfortables puisque la concomitance des placements et des mesures prises en faveur des casinotiers peut laisser penser qu’elle a agi pour favoriser le boursicotage de son entourage.
Mais cela n’est que supposition, pour nous en tous les cas contrairement à Mediapart qui le clame haut et fort. Mais à priori, ses journalistes ont de bons éléments, du moins nous l’espérons !
Tout cela est en tout particulièrement troublant quand même d’autant qu’une information judiciaire avait été ouverte en 2014 par le Parquet de Nanterre pour des faits d’ « abus de confiance ».
Etait alors concernée une troisième association, la « Fondation du Bénévolat », là aussi dirigée par Bernard Marie. Pour l’heure, l’affaire est toujours en cours.
Une chose est en tout cas certaine, grâce à des placements extrêmement judicieux, les trois associations gérées par la famille Marie pèsent aujourd’hui près de 2 millions d’euros alors même qu’elles n’ont que peu, voire pas d’activité.
Invitée à s’exprimer sur ce supposé scandale boursier dévoilé par Mediapart, Michèle Alliot-Marie n’a pas répondu.
Cependant, Florimond Olive, directeur du cabinet de la députée à Bruxelles, et accessoirement neveu (!) de cette dernière, a assuré que Bernard Marie n’avait « besoin de personne pour prendre des décisions » et que Michèle Alliot-Marie serait incapable de dire pourquoi son père avait décidé d’acquérir des actions de la SFC et des casinos Partouche.
Qui dit vrai, difficile à le dire ! Mais une chose est sûre, Bernard Marie, décédé en 2015, pourrait bien avoir emporté avec lui certains secrets quant à cette affaire si Mediapart a vu juste.
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