Loot boxes des jeux vidéos, des députés européens veulent les encadrer
« Pochettes surprises », « coffres mystère » ou encore « caisses à butins aléatoire », voilà comment sont qualifiées les loot boxes des jeux vidéos.
Les loot boxes, récompenses virtuelles dont on ne connait pas le contenu avant de les acheter pour la plupart, payables avec de l’argent réel ou via la monnaie virtuelle de l’univers du jeu, sont désormais dans le collimateur de certains députés européens qui les jugent très problématiques.
Au nom de la protection des consommateurs, des députés européens veulent de ce fait tenter de les encadrer.
Quels sont les effets des loot boxes des jeux vidéos sur les consommateurs ?
S’appuyant sur une étude qui s’est déroulée du 6 avril au 3 juillet dernier, les eurodéputés se penchaient pour la première fois ce mardi 27 octobre sur les effets des loot boxes.
Cette étude, qui faisait notamment appel à des professionnels du milieu (développeurs, membres du PEGI) ainsi qu’à des chercheurs et des associations de défense des consommateurs, qualifie les loot boxes des jeux vidéos de problématiques.
On apprend ainsi dans un document d’une cinquantaine de pages au titre révélateur, que le mécanisme des loot boxes rappelle celui des pochettes surprises et que ces contenus additionnels payants sont avant tout des moyens de fidéliser le joueur dans la durée.
En effet, les loot boxes des jeux vidéos permettent aux joueurs de passer différents niveaux dans un jeu ou encore de se procurer des objets rares, des apparences spéciales et autres artifices plus ou moins importants.
Le fait que ces « boîtes à butins » soient généralement vendues pour quelques euros, on parle alors de microtransactions. Or, elles rendraient les joueurs plus dépendants et inciteraient à multiplier les achats, parfois en très grand nombre.
D’après Annette Cerulli-Harms, chercheuse pour l’Institut ConPolicy à Berlin, qui se trouve être l’un des auteurs de cette étude, il ne fait aucun doute que les loot boxes des jeux vidéos peuvent « causer des soucis psychiques comme financiers ».
Arguant chiffres à l’appui que 76% de 6-15 ans sont des joueurs, cette étude rapporte également que les loot boxes des jeux vidéos ne sont pas assez transparentes, et que les plus jeunes ne savent pas toujours ce qu’ils achètent et dépensent parfois des sommes faramineuses sans s’en rendre compte.
Les loot boxes, jeux d’argent, de hasard ?
Comme nous vous l’expliquions précédemment, dans certains cas le contenu des loot boxes est totalement aléatoire et par conséquent, nul ne peut savoir ce qu’il s’y trouve.
Concrètement, quand vous achetez ce type de loot boxes, il est quasi impossible ou peu probable de recevoir l’objet souhaité et si le hasard fait bien les choses, les loot boxes relèvent plus du jeu « au petit bonheur la chance » qu’autre chose.
Pour certains, les loot boxes s’apparentent donc plus à des jeux d’argent et de hasard au même titre que les machines à sous ou autres loteries par exemple.
Ces pratiques commerciales ont par ailleurs fait l’objet de nombreuses enquêtes comme en 2017 lors de la sortie du jeu Star Wars Battlefront II ou plus dernièrement, pour le jeu phare d’Electronic Arts, Fifa Ultimate Team.
Des enquêtes qui ont poussé les autorités de régulation des jeux d’argent et de hasard de plusieurs pays à se saisir de cette question essentielle : les loot boxes sont-elles des jeux d’argent et de hasard ?
Faut-il interdire les loot boxes ?
Pour l’heure, les loot boxes ne font l’objet d’aucune réglementation spécifique en France, mais des pays comme la Belgique et la Hollande ont déjà légiféré en la matière : résultat, elles sont interdites désormais dans ces deux pays européens.
Aussi, il faut savoir que si la régulation des jeux d’argent reste une compétence nationale, en matière de protection des consommateurs, c’est l’exécutif européen qui serait apte à statuer sur le sort des loot boxes.
Rappelons toutefois que le 13 avril dernier, le système PEGI (Pan European Game Information) a mis à jour une nouvelle classification. Désormais, les jaquettes de jeux vidéos devront indiquer clairement que le jeu inclus l’achat possible de loot boxes avec un pictogramme dédié.
Ce signalement vient ainsi compléter le système PEGI qui permet déjà d’indiquer à quel type d’âge un jeu est adressé ainsi que son contenu.
L’avenir des loot boxes est incertain mais de toute évidence, face au mécontentement des joueurs (voir vidéo ci-dessous) qui dénoncent de plus en plus les achats complémentaires abusifs, les enquêtes en cours et désormais l’implication de l’Union Européenne, selon nous, les éditeurs de jeux vont devoir faire preuve de vigilance dans les mois à venir.
Affaire à suivre donc, mais il est fort probable qu’une législation européenne entrera en vigueur en 2021/2022 pour encadrer les jeux vidéos qui comportent des loot boxes.