Les pourboires au Casino de Namur seraient plus gros que dans les autres casinos ?
Entre 1983 et 2004, c’est une vaste fraude qu’ont organisé les dirigeants du Casino de Namur.
Pourtant, à l’heure où la justice essaie de faire la vérité sur cette énorme arnaque, une donnée importante est encore floue, le montant réellement détourné par Armand Khaïda et son père, alors propriétaires de l’établissement.
En effet, si le Parquet estime la fraude à 75 millions d’euros, le « clan des Khaïda » admet lui seulement un détournement de 26 millions d’euros, le reste de l’argent correspondant à des pourboires. De gros pourboires donc…
Voilà maintenant de longues semaines que l’affaire du Casino de Namur est devant la justice. Néanmoins, difficile encore de comprendre la vaste arnaque qu’Armand Khaïda et son père ont monté par l’intermédiaire de l’établissement de jeux qu’ils dirigeaient.
Il faut dire que pour l’heure, même le montant réel qu’ils ont détourné n’est pas clairement défini puisque les deux parties ne parviennent pas à s’accorder sur ce chiffre.
En effet, pour le Parquet, ce sont environ 75 millions d’euros qui auraient été détournés alors qu’Armand Khaïda et son fils n’affirment avoir détourné « que » 26 millions d’euros.
Pour expliquer ce décalage, la défense a d’ailleurs misé sur un argumentaire inédit qui, avouons-le, n’en a pas convaincu beaucoup…
Armand Khaïda maintient qu’il y avait plus de pourboires dans son casino que dans les autres !
Selon Maître Compère, avocat d’Armand Khaïda, les 50 millions représentent n’y plus ni moins que la part des pourboires dans les recettes totales du casino sur la période analysée.
Avec de tels pourboires, le Casino de Namur serait donc le casino où les joueurs sont les plus généreux de Belgique puisque, comme l’indique le Parquet, cela signifierait que le taux de pourboires à Namur est de 85%, là où la moyenne des concurrents peine à atteindre les 50%.
Pour autant, malgré ces statistiques qui semblent prouver la volonté du « clan Khaïda » de mener en bateau la justice, leur avocat persiste et signe en évoquant une particularité namuroise.
Ce particularisme s’expliquerait par l’existence d’une « convention obligeant les joueurs à laisser 3% de pourboires après chaque coup gagnant », un cas unique en Belgique !
En effet, dans les autres casinos en Belgique, les joueurs ne laisseraient un pourboire qu’au moment de quitter le casino et encore s’ils n’ont pas les poches vides au moment de franchir le seuil du casino.
De même, on imagine plutôt mal un joueur laisser un pourboire après avoir effectué de grosses pertes d’argent…
La convention évoquée pourrait donc expliquer la différence de pourboires constatée entre le Casino de Namur et ses concurrents, encore faut-il qu’elle ait réellement existé et qu’elle ne soit pas simplement le fruit d’individus prêts à tout pour « duper » la justice.
De toute manière, soyons très francs, le Parquet ne croit pas du tout, mais alors pas du tout à l’excuse des pourboires pour justifier un montant moindre de fonds détournés.
D’ailleurs, il semblerait que même Maître Compère l’ait bien compris puisque lors des derniers jours, celui-ci a également insisté pour que ce procès soit celui d’une génération, celle des années 1980.
En effet, l’avocat d’Armand Khaïda a tenu à rappeler que les faits avaient eu lieu dans les décennies 1980 et 1990, et qu’il était donc bon de juger en tenant compte du secteur des casinos tel qu’il était quelques années auparavant.
Ce changement de stratégie dans la plaidoirie lors des derniers jours de procès marque en tout cas sans doute un aveu de faiblesse du clan Khaïda.
Peut-être a-t-il tout simplement compris que son arnaque au Casino de Namur allait se payer cher parce que personne n’aura cru à la grande générosité des habitués de l’établissement de jeux…