Les mathématiques pour éviter les addictions aux jeux d’argent ?
Les jeux d’argent, qu’ils se jouent en ligne ou en réel, connaissent un véritable succès et comptent de plus en plus d’adeptes.
Or, ceux-ci, en plus d’être plus nombreux, sont également plus fidèles ou devrait-on dire plus accrocs aux jeux d’argent.
L’addiction aux jeux est de plus en plus fréquente chez les joueurs et la situation inquiète les gouvernements des pays concernés qui cherchent des moyens pour lutter contre ce nouveau fléau.
Des chercheurs italiens proposent une solution étonnante qui est pourtant sûrement la plus rationnelle: soigner l’addiction aux jeux d’argent grâce aux mathématiques.
Face à la recrudescence des cas d’addiction aux jeux d’argent, des chercheurs de l’Ecole Polytechnique de Milan ont décidé d’attaquer le mal à la source en proposant aux joueurs de comprendre pourquoi leur addiction est irrationnelle.
Pour cela, ils considèrent que le meilleur moyen n’est pas de travailler avec des psychologues pour chercher la raison de leur comportement dans un éventuel inconscient ou une histoire personnelle particulière.
Non, leur méthode est à la fois plus terre-à-terre et plus inébranlable puisqu’elle repose sur la science la plus inaltérable qui soit : les mathématiques.
Les chercheurs milanais vont ainsi proposer aux personnes addicts un module de six heures leur expliquant les règles de bases des probabilités.
Celui-ci leur permettra de comprendre pour quelles raisons mathématiques il n’est pas raisonnable de jouer à des jeux de hasard (grattage, roulette, loto etc.) en espérant faire fortune.
Quelle est cette notion de probabilités pour éviter l’addiction ?
Il s’agit avant tout de faire comprendre les notions élémentaires de probabilité et en particulier celle d’espérance. L’espérance mathématique est, comme son nom l’indique, le gain que l’on peut espérer gagner en jouant à un jeu de hasard.
Elle est une sorte de moyenne, fonction des gains possibles et de leurs probabilités respectives. Les scientifiques italiens veulent démontrer que l’espérance des jeux d’argent quels qu’ils soient est toujours très faible et qu’il est déraisonnable, voire absurde de compter sur les jeux d’argent pour s’enrichir.
Si l’on tient compte du montant misé par le joueur pour participer à un jeu d’argent, l’espérance devient même négative. Non seulement le jeu n’est pas équitable mais il est défavorable au joueur.
Cela signifie qu’il est certes possible de gagner une certaine somme d’argent mais qu’en moyenne, le joueur perdra de l’argent au cours de ses parties.
Si cela est nécessaire pour la viabilité des casinotiers et autres opérateurs de jeux d’argent, il est important que les joueurs prennent conscience que l’on ne redistribue pas l’intégralité des mises des joueurs.
Finalement, la meilleure manière d’espérer gagner de l’argent en jouant est de ne jouer qu’une fois, contrairement à ce que l’on entend parfois.
L’Ecole Polytechnique de Milan a également pour objectif de sensibiliser les joueurs addicts aux jeux d’argent aux stratégies plus commerciales des opérateurs. Elle espère ainsi les rendre plus méfiants vis-à-vis de la notion de « quasi-gain ».
Pensons à l’idée de « quasi-gain » : lorsque l’on joue à la machine à sous et que l’on perd de peu, l’appareil produit des sons qui ressemblent à ceux émis lorsque l’on gagne. On ne peut donc que penser : j’y suis presque…
C’est pareil pour les jeux de grattage, quand ils insèrent des séquences numériques proches de celles gagnantes. Il est évident que cela fait partie du produit.
Mais il est bien de savoir comment cela fonctionne ! Il faut bien penser que casinotiers et opérateurs de jeux de hasard sont des sociétés dont le but est de faire du profit et qu’il est donc naturel qu’il cherche à attirer et fidéliser leur clientèle.
Les joueurs conscients de ceci seront plus aptes à avoir un comportement adapté et réfléchi face à ces stratégies.
Les chercheurs de l’Ecole Polytechnique souhaitent prendre l’ensemble de ces mesures pour mettre fin aux addictions aux jeux d’argent car elles leur semblent nécessaires face à l’analphabétisme mathématique, moins connu mais finalement tout aussi répandu que l’analphabétisme « classique ».
Ils considèrent qu’un certain nombre de personnes n’a pas les notions de bases nécessaires en mathématiques pour appréhender correctement les problèmes numériques de la vie courante.
L’Ecole milanaise espère former un maximum d’enseignants autour de ces problématiques, considérant, sûrement à raison, qu’ils sont le meilleur vecteur d’une diffusion étendue de prévention contre les addictions aux jeux d’argent.
L’initiative a déjà été testée auprès de 22 professeurs de mathématiques qui ont pu former 400 élèves. Elle va être étendue à la rentrée prochaine à un panel de 80 enseignants et les contenus de la formation vont être mis en ligne en 2015 afin de toucher un maximum de la population.
Et en France, quand les probabilités de gagner sur les tickets de grattage, fer de lance de la FDJ, et des loteries en tout genres seront affichées ?
Question tabac, l’Etat n’hésite pas à placarder des images chocs sur les paquets afin de réduire l’envie de fumer. Certes, l’effet escompté par l’Etat n’a pas été à la hauteur, c’est démontré. Mais au moins, l’exécutif a réagit pour le bien de ses citoyens.
Question alcool, c’est identique, une petite phrase est toujours présente sur les bouteilles: à consommer avec modération. Mais là, c’est différent, les lobby de « touche pas au vin en France » font pression. Pourtant, une belle image d’une cirrhose du foie aurait aussi sa place, n’est-ce pas ?
Question jeux d’argent, qu’ils soient physiques ou en ligne, à quand un « pavé d’informations » qui stipulera les probabilités de gagner le jackpot tant espéré par les joueurs ?
Il tombera des cornes lorsque vous verrez en gros caractères sur le jeu de grattage Cash et toute la clique des jeux de la FDJ… conçus pour les rêveurs, les probabilités réelles de gagner le gros lot. L’État ne va pas se tirer une balle dans le pied…
Et pourtant, afin de freiner l’addiction, ce serait un moyen très efficace d’afficher en aussi gros caractères que le titre de votre feuille d’impôts… les probabilités de gagner.