La dépendance aux jeux de grattage, témoignages
Alors que la vente des jeux de grattage a augmenté de 9,6% en 2015 pour le plus grand bonheur de la Française des Jeux, les médecins notent que de plus en plus de personnes développent une addiction à ce type de jeux, ce qui les inquiètent fortement.
Il faut souligner que les joueurs ne sont toujours pas conscients des dangers des jeux d’argent, qu’ils soient en ligne ou dans les points physiques (en dur). Nous avions déjà, en 2014, publié dans un article que des joueurs étaient accros aux jeux de grattage.
Il suffit d’ailleurs d’aller à la rencontre des joueurs directement chez les buralistes pour se rendre compte, que les jeux de grattage sont une véritable dépendance pour certains. C’est là que nous découvrons un certain Pierre, un joueur qui a été contraint de décrocher il y a un mois.
Grand amateur des jeux de grattage et en particulier du Cash et son fameux jackpot de 500 000 € à gagner, il avoue aujourd’hui « avoir acheté cinq ou six bandes de tickets à gratter par jour » soit dépensé jusqu’à 900€ en une seule et unique journée. Un autre joueur dépensait 100 € par jour, donc record battu, malheureusement dirons-nous…
Pour justifier cette fièvre acheteuse, Pierre, le joueur compulsif admet qu’il entretenait le secret espoir de gagner les 500 000 € mis en jeu.
Aujourd’hui, il compare les jeux de grattage au « plus grand piège du monde ». Il faut dire qu’en trois ans, Pierre a claqué près de 12 000€ à son buraliste, suffisamment d’argent pour être obligé de revendre l’appartement qui était censé le loger une fois que la retraite aurait sonnée.
Désormais, le nommé Pierre a en tout cas su se détacher des jeux de grattage étant donné qu’il dépense moins de 10 € par semaine… mais le mal est bel et bien fait.
D’autres, comme un certain Robert, n’ont pas encore compris le danger de la dépendance aux jeux à gratter. Ce retraité issu des classes moyennes est certain de « savoir s’arrêter », si bien qu’il n’est pas anormal pour lui de jouer jusqu’à 100 € par jour au ticket Cash à gratter…
Il voit en les jeux de grattage un « petit plaisir » qui accompagne un bon café et qui peut, qui sait, permettre d’empocher le jackpot même si ce dernier n’est pas un objectif en soi.
Mais, parmi les habitués des buralistes, il y a aussi ceux qui, comme Karim, ont bien conscience du cercle vicieux dans lequel il est possible de tomber.
Pour cet amateur de jeux de grattage qui se borne à de petites mises ne dépassant jamais les 5€, de plus en plus de personnes développent une addiction en raison de « l’appât du gain ».
Dans son entourage, plusieurs individus se sont endettés et ont fini par perdre leur logement et briser leur couple. Voilà comment toute une vie bascule à cause d’une dépendance extrême aux jeux de grattage.
Difficile de contrer le développement des dépendances aux jeux de grattage ?
Le fait que de plus en plus de personnes soient dépendantes aux jeux d’argent, a toutefois des explications si on en croit Agathe Sicaud, médecin addictologue au CHU de Rouen.
Selon elle, la plupart des joueurs « dépendants aux jeux de grattage, ont eu un apprentissage positif du jeu ». Autrement dit, ils ont gagné une importante somme d’argent dès qu’ils ont commencé à jouer.
Surfant sur ce gain, ils se sentent alors les rois du monde et sont persuadés qu’ils vont gagner dès qu’ils vont rejouer.
Dans leur esprit, la part aléatoire du gain a totalement disparu et ce n’est pas la prévention effectuée autour des jeux d’argent, qui peut remettre un joueur sur le droit chemin pour la spécialiste.
En effet, comme le note le Docteur Sicaud, il n’existe pas d’interdiction d’acheter des tickets de grattage pour certains individus « à risque », alors qu’une mesure prévoit l’impossibilité d’accéder aux casinos en se faisant interdire.
Les buralistes qui sont l’ultime rempart entre le joueur et le jeu de grattage, sont quant à eux, nombreux à admettre qu’il leur est difficile « de dire à un client de s’arrêter ».
Eh oui, parce que les buralistes sont avant tout des commerçants, interdire à un individu d’acheter des jeux de grattage n’a pas grand intérêt si ce n’est perdre un client puisque ce dernier pourra se rendre dans un bureau de tabac voisin pour s’adonner à sa passion du jeu.
De plus en plus de joueurs dépendants redoutent d’ailleurs d’« affronter » trop régulièrement leur buraliste et privilégient, quand ils le peuvent, les distributeurs automatiques de tickets (DAT) qui ne « les jugent pas ». Comme l’évoque le c, « c’est psychologique ».
Fort heureusement, bien que les addictions aux jeux de grattage soient de plus en plus fréquentes, elles peuvent être prises en charge par les médecins.
Si aucun médicament n’est prescrit, « la psychothérapie fonctionne bien tout comme la prise en charge par une assistante sociale qui pointe la réalité de l’argent ».
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Toujours au sujet de l’addiction aux jeux de grattage, mais que fait l’Etat Français, actionnaire de la FDJ à 72% ?
Rien, niet, nada, nothing ou en argot, que dal ! Quelques mesurettes par ci et par là, et encore des mesurettes depuis 20 ans.
Il faut souligner que l’interdiction de l’achat de jeux de grattage aux mineurs n’est intervenue qu’en 2006. Toujours aussi longuets les politiques, non ?
Bref, nous conclurons par le fait qu’il ne va pas se tirer une balle dans le pied compte tenu des milliards d’€uros qu’il perçoit grâce aux recettes de la Française des Jeux…
Donc, la catastrophe sanitaire de l’addiction aux jeux continue en silence, tant qu’elle rapporte un gros paquet…