Joueurs de poker et parieurs : jeux en ligne ou en dur ?

Avec l’entrée en vigueur de la loi du 12 mai 2010 relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux en ligne, de nombreux spécialistes savaient que la difficulté résiderait à trouver le juste équilibre entre les jeux en ligne et les jeux en dur.

Après 6 ans de mise en place, il semblerait que ce dernier ait été plus ou moins trouvé et les deux types de jeu parviennent plutôt bien à cohabiter en France.

Mieux, de véritables synergies ont réussi à se mettre en place laissant ainsi apparaître un paysage ludique national où joueurs de poker, parieurs sportifs et parieurs hippiques trouvent leur bonheur.

Jeux en ligne ou en dur, peu importe puisque joueur avant tout !

Selon une étude du sociologue Jean Pierre Martignoni-Hutin dont les résultats ont été communiqués il y a quelques jours seulement, près de 50% des joueurs Français s’adonnant à des jeux en ligne fréquentent aussi le réseau terrestre des opérateurs.

Cela signifie que de nombreuses personnes ont un esprit de joueur et aiment tenter leur chance que ce soit sur Internet, chez un buraliste, dans un bar ou bien dans un casino.

Toutefois, contrairement à ce que craignaient certains, il n’est pas incompatible de jouer à la fois sur Internet et à l’extérieur de chez soi.

Généralement, chacun conserve alors sa discipline favorite. Ainsi, près de 43% des parieurs hippiques ont l’habitude de fréquenter les points de vente PMU ou les hippodromes.

Dans la même lignée, plus de 30% des parieurs sportifs se rendent souvent dans les points de vente de la Française des Jeux.

Il n’empêche que ce sont les joueurs de poker qui sont les plus nombreux à cumuler les deux manières de pratiquer leur discipline.

En effet, en plus de participer en ligne à de nombreux tournois, près de la moitié des passionnés du jeu de cartes sont également des habitués des casinos ou des cercles de jeux privés.

Il faut dire que jeux en ligne et jeux en dur s’avèrent en réalité très complémentaires. Jouer depuis chez soi est effectivement une solution simple et rapide pour s’adonner à sa passion en toute liberté, mais jouer à l’extérieur possède un charme qui plait beaucoup à certains.

L’ambiance particulière des points de vente ou des casinos comme les rencontres qui peuvent y être faites sont essentielles pour une part non négligeable de joueurs qui se servent des jeux pour créer du « lien social ».

L’émergence de « pure players » pour accompagner le développement des jeux en ligne

La régulation du secteur des jeux en ligne entamée en 2010 laissait craindre aux opérateurs terrestres de perdre une partie de leur clientèle.

Il n’en a finalement rien été puisque très peu de joueurs ont cessé de fréquenter casinos ou points de vente PMU ou FDJ pour se concentrer à la discipline favorite sur Internet.

Par contre, la loi de 2010 est à l’origine de l’émergence de « pure players ». Sous ce nom, se cachent des joueurs en ligne qui ont découvert les paris sportifs et hippiques ou le poker grâce à Internet.

Particularité: ils n’avaient auparavant jamais pris place à une table ou misé sur une course de chevaux ou une rencontre sportive.

Pour ces adeptes de jeux en ligne, Internet est le seul endroit où il fait bon prendre part à des tournois ou à des pronostics.

Autant dire donc que les pure players sont des e-joueurs qui ne fréquenteront probablement jamais les établissements en dur puisqu’ils leur parait obsolète et anachronique de devoir sortir pour faire quelque chose qu’ils peuvent très bien faire depuis chez eux.

Si certains parieurs sportifs et parieurs hippiques sont de véritables « pure players », ils restent peu nombreux à « rejeter » clairement la possibilité de prendre un pari depuis un bar ou un bureau de tabac.

Pour le poker, la donne est bien différente puisque près de la moitié des joueurs ne verrait que par les jeux en ligne.

Ce particularisme du poker tient à plusieurs raisons. La dimension psychologique du jeu de cartes est la première, certains amateurs se sentant plus à l’aise pour mettre en place leur stratégie devant un écran qu’en face à face avec ses adversaires.

La seconde tient davantage au fait que de nombreux joueurs craignent de ne pas se sentir à l’aise dans les casinos ou cercles de jeux en raison de l’image « bobo » que ces lieux renvoient.

Enfin, certains ne désirent pas « enrichir » les puissants groupes de casinotiers français qui se partagent le marché. Eh oui, ce sont des joueurs rebelles !

Au final, force est donc de constater que jeux en ligne et jeux en dur ont tout à fait leur place dans le paysage ludique français et qu’un équilibre, bien que précaire, a semble-t-il été trouvé.

Toutefois, même si les opérateurs tentent constamment de trouver un autre équilibre qui pourrait leur être plus favorable, ce sont toujours les joueurs qui, par leurs usages, décident directement ou indirectement des évolutions connues par les réseaux terrestres et numériques.

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