Joueurs de poker et parieurs, bientôt serez-vous traqués dès votre premier pari ?
Alors que les différents acteurs du secteur des jeux d’argent en ligne ont toujours joué le jeu de la lutte contre le blanchiment d’argent, ces derniers se montrent aujourd’hui dubitatifs face à la 4ème directive européenne contre le blanchiment d’argent.
En effet, si les opérateurs sont en parfait accord avec les objectifs de la directive, les moyens à mettre en œuvre nés des amendements leur paraissent totalement absurdes et pourraient même s’avérer plutôt contre-productifs…
Depuis maintenant de très nombreuses années, la Commission Européenne a fait de la lutte contre le blanchiment d’argent l’un de ses principaux chevaux de bataille.
Et cela est vrai dans tous les secteurs de l’économie. Autant dire donc que les jeux d’argent en ligne n’échappent pas à la règle…
D’ailleurs, peut-être plus encore que dans d’autres secteurs, les acteurs du marché des jeux d’argent en ligne ont toujours apporté leur soutien à la politique conduite par la Commission Européenne.
Tous étaient ainsi en parfaite adéquation avec les objectifs des directives proposées par l’instance européenne pour renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent… mais il y a finalement eu un hic… et pas des moindres pour la communauté des joueurs en ligne.
Joueurs de poker, de paris sportifs et hippiques : que vous pariez 10 € ou 2000, vous serez « traqués » si l’amendement n’est pas retoqué
Bref, une aberration de plus concernant les jeux d’argent en ligne. En effet, contre toute attente, la quatrième directive a fait l’objet de nombreux amendements qui, en revanche, ne vont pas du tout dans la conception des choses qu’avaient les opérateurs de jeux.
Dès l’adoption des amendements, la Remote Gambling Association (RGA) ,le « syndicat » regroupant les plus grands opérateurs de poker et de paris sportifs et hippiques en ligne, a ainsi montré sa déception et son incompréhension face aux nouveaux amendements proposés dernièrement.
En effet, l’un d’eux principalement se veut très problématique puisqu’il estime que le poker ou les paris sportifs en ligne sont, nous citons : « des types de jeu où les mesures de vigilance pourraient être appliquées à tous les clients dès lors qu’une relation d’affaires est établie ».
Avec du vocabulaire plus simple, cela signifie tout bonnement que les opérateurs de jeux en ligne pourraient être contraints dans un futur proche de traquer la provenance des fonds de leurs joueurs dès lors que ces derniers ouvrent un compte, et ce quelle que soit la somme qu’il verse dessus.
Concrètement encore, cela signifie donc que les joueurs de poker ou les parieurs pourraient être traqués dès leur première partie de cartes ou dès leur premier pari, une idée qui indigne les opérateurs et qui devrait assurément déplaire aux joueurs.
C’est quand même fou ! Mais à quand un « traçage » sur certains de nos élus qui se baladent en costard avec des billets dans une valise ?
Dans ce cadre, on peut souligner que la Commission Européenne s’en bat les c… ; pire encore, et que dire des financements quasiment opaques des partis politiques ? Que dire de la mafia italienne qui se sert de l’Allemagne pour blanchir son argent sale ? Bref, c’est toujours le petit peuple qui trinque…
Jusqu’à aujourd’hui, en bon soldat, les opérateurs de jeux d’argent effectuaient déjà ce travail dès lors que d’importants montants (plus de 2000€ en général), étaient déposés sur un compte de joueur.
Néanmoins, réaliser cette mission systématiquement tend au gaguesque car on ne voit pas trop l’intérêt pour un opérateur de savoir d’où proviennent des finances lorsqu’il s’agit, par exemple, d’un versement annuel de 30€ !
L’adoption de cet amendement prévoyant un contrôle systématique de la provenance des fonds des joueurs a été très mal vécue par la RGA qui a l’impression de jouer un rôle de bouc-émissaire, puisque le secteur des jeux d’argent en ligne sera le seul à se doter d’une prévention du blanchiment d’argent avec des conditions aussi drastiques.
De là à dire que la Commission Européenne estime que les jeux d’argent sont le moyen le plus utilisé pour blanchir de l’argent, il n’y a qu’un pas…
En revanche, pas question bien sûr pour les détaillants de la FDJ et du PMU de se prendre en pleine face cet amendement qui, disons-le avec véhémence, est digne d’un régime totalitaire.
Donc, que les joueurs qui bossent au « black » de temps en temps pour arrondir leurs fins de mois se rassurent, ils pourront toujours « blanchir » leurs petits euros chez leur détaillant préféré du coin en jeux de grattage ! Seuls les sites sont touchés par cet amendement s’il est légiféré.
Allons même plus loin : mieux vaut même privilégier les détaillants que d’aller sur leurs sites de jeux ! Au moins, vous ne serez pas traqués et ils ne vous demanderont pas vos relevés bancaires, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
En tous les cas, la Remote Gambling Association a tenu à rappeler à la Commission Européenne qu’en matière de prévention contre le blanchiment d’argent, le secteur des jeux d’argent en ligne comptait parmi les meilleurs.
Et pour cette organisation reconnue et renommée, les bons résultats en la matière sont ainsi parce que la communication sur ce qu’est le blanchiment d’argent et sur ses risques a été entendue par les joueurs.
Autant dire que traquer les joueurs n’améliorera pas les résultats et fera tout au plus, perdre des joueurs aux opérateurs en raison de la perte de « liberté ». Pour les sites de poker actuellement en berne niveau croissance, c’est un coup dur de plus à digérer si cet amendement est concrétisé.
Reste maintenant à savoir si le Conseil Européen entérinera cette directive ou si elle la retoquera. Dans ce second cas, la Commission Européenne pourrait revenir sur sa position initiale et tenter de faire passer le projet sans les amendements.
Ce serait alors là une bonne nouvelle pour les sites de jeux d’argent en ligne. Un petit mot encore pour finir : que les technocrates arrêtent de nous faire c…