Jeux de la FDJ et du PMU : vos papiers avant d’y jouer ?
Alors que les jeux de la FDJ ont rencontré un succès sans précédent en 2016 avec des ventes qui ont atteint un nouveau sommet (14,3 milliards d’euros), voilà que des décisions d’ordre politique pourraient venir endiguer la bonne marche en avant de l’opérateur historique français.
Le PMU et ses enjeux de 9,8 milliards d’euros en 2016 pourraient aussi en pâtir.
En effet, un rapport parlementaire rendu public la semaine passée et présenté par les députés Régis Juanico (PS) et Jacques Myard (LR) prône la généralisation de l’identification des joueurs.
Ainsi, pour prendre part aux jeux de la FDJ et du PMU, il faudra peut-être prochainement faire connaître son identité…
Les jeux de la FDJ (grattage et loteries) mieux surveillés ?
Après le rapport de la Cour des Comptes en octobre dernier, voilà qu’un autre rapport du comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques préconise d’identifier celles et ceux qui prennent part aux jeux de la FDJ et du PMU.
Pour les élus, la lutte contre le blanchiment d’argent et également contre l’addiction aux jeux d’argent passe nécessairement par la mise en place d’une telle mesure.
Il faut dire que le contrôle automatique des identités de ceux qui pratiquent les jeux de la FDJ et du PMU permettrait de vérifier que le joueur est bel et bien majeur mais aussi qu’il n’est pas inscrit sur le fichier des interdits de jeux, comme les casinos en France.
Or, selon des études publiées fin 2016, près d’un tiers des mineurs aurait joué à des jeux de la FDJ, tickets de grattage ou loteries comme le Loto, en 2014.
Pire, pour 11% de cette population, la qualification de « joueurs à risque » pourrait être retenue. Il est donc possible de mieux comprendre en quoi les jeux de la FDJ mériteraient de faire l’objet d’un contrôle plus strict.
Les jeux de la FDJ (et du PMU) enfin astreints aux mêmes règles que les casinos ?
Le débat qui entoure actuellement l’identification des joueurs dans les points de vente de la Française des Jeux et du PMU n’a pourtant pas vraiment lieu d’être.
En effet, à l’heure où les casinos et les opérateurs de jeux en ligne doivent composer avec des normes toujours plus contraignantes, les jeux de la FDJ et du PMU font l’objet d’un cadre juridique qui reste plutôt laxiste.
Or, en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, ils sont tout aussi vulnérables que les établissements de jeux par exemple.
Pour Fabrice Paire, Président du directoire des Casinos Partouche, rendre obligatoire le contrôle d’identité pour les jeux de la FDJ et du PMU serait d’ailleurs logique puisqu’ils devraient être soumis aux mêmes obligations que les établissements de jeux casino.
Or, le contrôle d’identité pour accéder dans les casinos en France est en place depuis maintenant 10 ans, ce qui n’est pas le cas pour le PMU qui souffre de bruits de couloir pour le blanchiment d’argent et les jeux de la FDJ, notamment les jeux de grattage, moteur de croissance incroyable pour cette entreprise détenue à 72% par l’Etat Français.
Les « privilèges » offerts aux opérateurs de loteries et de paris hippiques en dur doivent donc disparaître.
Une harmonisation des règles ne pourra d’ailleurs que concourir à la mise en place d’une concurrence saine entre les offres de jeux des acteurs du marché.
Les jeux de la FDJ et surtout du PMU, appréciés pour blanchir de l’argent ?
Alors que la Française des Jeux tout comme le PMU réfute l’image de pouvoir servir de « machine à laver » pour des personnes malintentionnées, les deux opérateurs s’opposent virulemment aux conclusions du rapport remis par MM. Juanico et Myard.
Selon eux, l’identification des joueurs telle qu’elle existe déjà suffit à prémunir efficacement la lutte contre le blanchiment d’argent et l’addiction aux jeux.
Rappelons effectivement que les gagnants aux jeux de la FDJ doivent se faire connaître pour obtenir leur gain dès lors qu’il est supérieur à 200 € pour les jeux de grattage, 300 € pour les jeux de tirage et les paris sportifs et enfin 3000 € pour les jeux de loterie.
Quant au PMU, seuls les gagnants d’un montant supérieur à 3000 € sont identifiés.
Toutefois, les choses devraient changer puisque dès 2017, le seuil d’identification sera abaissé à 2000 € avant de diminuer à 1000 € dès 2018.
Pour la Française des Jeux comme pour le PMU, la mise en conformité à cette réglementation devrait donc suffire à optimiser l’efficacité de la lutte contre le blanchiment d’argent et de la dépendance aux jeux, notamment de grattage.
Un système déclaratif automatisé en test dès le printemps 2017 ?
Si la FDJ et le PMU craignent de perdre des joueurs avec une généralisation du contrôle de l’identité, ils vont tout de même devoir composer avec.
En effet, si la mise en place d’une carte de joueur pour pratiquer les jeux de la FDJ semblait être la bonne solution, les 15 ans nécessaires au déploiement d’un tel dispositif en Norvège ont freiné les autorités.
Elles ont également été aidées dans leur choix par l’échec du lancement de la carte joueur PMU en 2010 qui n’a débouché sur la création que de 120 000 cartes.
Aussi, quitte à passer un peu en force, c’est bel et bien un système déclaratif automatisé qui va être présent dans les points de vente des jeux de la FDJ et du PMU. Autrement dit, avant de jouer, chaque individu devra scanner ses papiers d’identité.
Si beaucoup de monde a hâte de voir comment tout cela va se mettre en place pour le test programmé dès le printemps 2017, nul doute que la FDJ et le PMU vont faire du lobbying pour éviter cette expérimentation qui ne leur plait guère tant elle pourrait entacher leur business au niveau du chiffre d’affaires.
A noter que si la FDJ est bel et bien en hausse de chiffre d’affaires, les mesures préconisées par les deux élus et la Cour des Comptes ne vont pas arranger le PMU, qui lui, est en baisse constante en France depuis 2014.