François Trucy, Sénateur spécialisé dans les jeux, ses confidences
Expert de l’univers des jeux d’argent et auteur de nombreux rapports et études sur le sujet, François Trucy a décidé de prendre sa retraite.
En effet, après avoir démissionné de son poste au Comité Consultatif des Jeux, François Trucy a quitté en Septembre le Sénat puisqu’il avait décidé de ne pas briguer un nouveau mandat.
Aussi, à l’heure de la retraite, le désormais ex-sénateur a décidé de divulguer quelques confidences sur le monde des jeux d’argent qu’il connait par cœur et qu’il estime… pas assez aidé par le monde politique français.
Médecin biologiste de profession, François Trucy est devenu sénateur en 1986 et est bien connu dans l’univers des jeux d’argent pour avoir été l’un des hommes politiques qui s’est le plus intéressé à la thématique.
Entre autres, dans un passé proche, François Trucy a été l’un des grands artisans de la régulation des jeux d’argent en ligne en date de Mai 2010. Il a pourtant fallu surmonter bien des obstacles pour la mise en place de cette législation puisque les élus socialistes, à l’époque, ont tout fait pour faire capoter le projet arguant que ce texte favoriserait les addictions aux jeux d’argent, mais aussi le jeu des mineurs.
La réalité montrera tout l’inverse puisque les jeux d’argent en ligne feront l’objet d’un encadrement juridique plus strict que les jeux disponibles dans les bureaux de tabac ou dans les bars. On se demande encore pourquoi d’ailleurs c’est toujours le cas. Certainement le besoin de rentrées fiscales indirectes par la FDJ et le PMU…
François Trucy déplore à ce jour que le gouvernement en place n’ait pas daigné écouter l’avis des experts pour rendre efficient cet encadrement juridique des jeux d’argent en ligne.
Comme il l’avait déjà évoqué à l’époque, il aurait été indispensable que la clause de revoyure, pourtant intégrée au texte initial, soit appliquée dès 2011 mais il n’en fut rien.
Au final, les opérateurs de jeux en ligne, en particulier de poker, font grise mine, la faute à un texte de loi trop strict. En effet, pour que les opérateurs puissent réellement se réjouir, il aurait fallu que quelques-unes des propositions de François Trucy soient acceptées, comme ce fut le cas avant sa démission au sujet des casinos français.
Entre autres, l’ex-sénateur prônait l’ouverture à de nouvelles variantes de jeu, un partage des liquidités à l’échelle de l’Europe mais surtout demandait une modification de l’assiette de la taxation des opérateurs.
Selon lui (et bien d’autres visionnaires), il était fondamental que l’assiette de la taxation devienne le Produit Brut des Jeux (PBJ) plutôt que les mises. Cette modification aurait d’ailleurs tout simplement permis d’aligner les opérateurs de jeux d’argent en ligne sur les casinos, quelque chose de logique en soit.
Mais François Trucy admet que des blocages politiques ont eu lieu, Bercy, pratiquement considéré comme un Etat dans l’Etat, ayant inclus dans son budget une taxation des mises pour les jeux d’argent en ligne plus rentable pour les caisses de la France. Il espère d’ailleurs que ses successeurs parviendront à faire avancer les choses dans ce sens… même si rien ne semble gagner d’avance.
Mais l’expert des jeux d’argent en ligne au Sénat a également récemment évoqué l’actualité marquée par la fermeture de plusieurs cercles de jeux parisiens, comme le Cercle Cadet dernièrement….
Pour François Trucy, ces fermetures n’ont rien d’étonnantes et sont le fruit d’une « attitude ambigüe de l’Etat » dénoncée par l’ex-sénateur il y a de cela déjà quelques années.
Et oui, dès l’an 2000, Trucy avait fait part des dérives qui pouvaient naître de la structure des cercles de jeux constitués comme des associations loi 1901 à but social !
A cette époque déjà, il avait émis la question de la nécessaire évolution du régime des cercles de jeux. Mieux, il avait évoqué la nécessité d’aligner la réglementation propre aux cercles des jeux sur celles des casinos arguant que le fonctionnement et la taxation devaient incontestablement représenter des similarités.
François Trucy a également accepté d’évoquer les difficultés actuelles connues par les casinos et admet que l’Etat ne fait aujourd’hui rien pour leur venir en aide.
Dans son rôle de membre du Comité Consultatif des Jeux, il a d’ailleurs pu constater combien les décideurs politiques faisaient preuve d’inertie dans les dossiers relatifs aux jeux d’argent dans l’Hexagone. Sa démission trouve même une de ses explications dans ce constat.
A l’heure où la retraite a sonné, François Trucy note ainsi que le titre de l’un de ses premiers rapports est toujours d’actualité : « L’Etat croupier, le Parlement croupion ». Vous en conviendrez, rien n’a changé dans le bon sens, ou si peu…
Autant dire que selon lui, le pessimisme est de mise pour le secteur car l’Etat ne semble pas disposé à avancer dans des dossiers pourtant chauds. A moins bien sûr que le collectif des joueurs qui est en train de se former ne parvienne à faire entendre sa voix et à faire bouger enfin les choses.
Pour en savoir plus : voir l’interview exclusive accordée à Club Poker par François Trucy ?