Distorsion de la concurrence selon les casinos Partouche
Il y a quelques jours, Fabrice Paire, Président du Directoire du Groupe Partouche, était l’invité de BFM Business, l’occasion pour lui d’évoquer les ambitions de Partouche, les projets à mener pour le casinotier français, mais aussi la concurrence déloyale de la Française des Jeux envers les casinos français.
Et avouons-le, aux dires de Fabrice Paire, on comprend bien que le secteur des jeux d’argent en France fait l’objet d’une sérieuse distorsion de la concurrence.
Alors que le Groupe Partouche était en procédure de sauvegarde, il a trouvé il y a un peu plus d’une semaine seulement un accord avec ses différents créanciers pour le rééchelonnement de sa dette jusqu’à 2022, Fabrice Paire, le Président du Directoire du casinotier français, n’a pas tardé à venir présenter les futurs projets de Partouche.
Et il semblerait que pour le Groupe qui possède plus de 5500 machines à sous et emploie près de 5000 personnes dans ses 44 établissements de jeux (41 sont implantés en France), la poursuite du développement passe nécessairement par de nouveaux jeux.
Et les nouveaux jeux autorisés dernièrement par l’exécutif, qu’en est-il ?
Fabrice Paire évoque ainsi la réussite au Pasino d’Aix en Provence du jeu de la bataille qui pourtant semblait n’avoir que peu séduit les joueurs dans l’Hexagone. A noter que pour beaucoup de casinos français, ce jeu a fait un « flop ».
Quant au jeu du bingo autorisé dernièrement par l’ancien Ministre de l’Intérieur, actuellement en phase de test dans le même casino provençal, il a, selon Fabrice Paire, trouvé sa place dans l’offre de jeux proposée par son établissement d’Aix en Provence.
Il précise également que l’arrivée de ces jeux en France prouve le retard pris sur les casinos américains qui proposent la bataille ou le bingo depuis de longues années.
Remarquez, cet argument nous laisse un peu perplexe quand on constate la baisse vertigineuse du chiffre d’affaires des casinos de Las Vegas.
Mais l’Etat protège son « bébé », la FDJ et ses pépètes !
Néanmoins, conduit à se prononcer sur les difficultés rencontrées par les casinos français ces dernières années, Fabrice Paire a dénoncé un système qui n’est jamais à l’avantage des casinotiers.
En premier lieu, il dénonce clairement l’interdiction de fumer dans les casinos datant de 2007 qui a été le premier coup de semonce envers les établissements de jeux.
En second lieu, même s’il nuance tant le secteur est aujourd’hui en grande difficulté avec seulement deux acteurs véritablement rentables, l’ouverture à la concurrence des jeux en ligne aurait fait perdre des joueurs aux casinos terrestres.
Une question à ce sujet se pose quand même : si les sites de jeux d’argent en ligne arrivent à « piquer » des clients aux casinos physiques selon Fabrice Paire, pourquoi le Groupe Partouche a-t’il fermé son site de poker ?
Mais revenons à nos moutons… Selon Partouche en fait, le vrai problème actuel sur le secteur des jeux d’argent en France est l’existence d’une véritable distorsion de la concurrence entre la FDJ et les casinos physiques français.
Fabrice Paire dénonce une concurrence déloyale de la Française des Jeux en terme de mode de fonctionnement.
En effet, les casinotiers savent parfaitement ce que leurs clients attendent en terme de jeux, mais doivent patienter parfois un an et demi pour proposer un nouveau jeu comme celui de la bataille en raison des obstacles administratifs et juridiques qui se dressent sur leur route.
Dans le même laps de temps, la FDJ aurait sorti pas moins de 85 nouveaux jeux de grattage, preuve que tous les acteurs du marché ne disposent pas des mêmes conditions pour satisfaire la clientèle.
Fabrice Paire évoque également le lobby puissant de la FDJ qui souhaitait par exemple exploiter le nom « bingo » pour la simple et bonne raison que la Française des Jeux a un jeu de grattage qui porte son nom.
C’est bien là une preuve que la FDJ est prête à tout pour optimiser ses revenus…
Derrière ces constats, se cache bien évidemment le fait que le secteur des casinos est complètement régulé puisque ces derniers veillent à ne pas laisser jouer des mineurs ou des interdits de jeux, contrôlent les flux d’argent et respectent les règles TRACFIN, des obligations qui n’incombent pas à la FDJ par exemple.
Vous conviendrez qu’il y a de quoi rester très stupéfait sur l’équité…
Finalement, comme cela est actuellement le cas pour les jeux d’argent en ligne, les contraintes de la régulation sont donc trop fortes pour que les casinos luttent à armes égales avec la FDJ.
Cette stratégie de l’Etat Français pour protéger la Française des Jeux laisse tout de même dubitatif puisque elle remet en cause l’activité du secteur… surtout lorsque l’on sait que les casinos Partouche à eux seuls rapportent chaque année 300 millions de recettes fiscales aux collectivités territoriales et à l’Etat.