Charles Coppolani (Arjel) décrypte le marché des jeux d’argent en France
Nommé il y a deux mois à la tête de l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne, Charles Coppolani n’est pour autant pas un novice pour analyser le secteur des jeux d’argent en France.
En effet, celui qui est encore également pour quelques mois le Président de l’Observatoire des Jeux a décrypté avec précision la situation actuelle du marché des jeux d’argent en France dans le cadre d’une interview pour le journal Les Echos.
Il y a quelques jours, le rapport de l’ARJEL sur le marché des jeux d’argent au 1er Trimestre 2014 a laissé entrevoir une situation préoccupante pour les opérateurs de paris hippiques en ligne mais aussi pour les opérateurs de poker en ligne qui tous deux, ont vu leur chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil.
Selon Charles Coppolani, ces difficultés trouvent leurs origines dans plusieurs critères explicatifs
1/ En premier lieu, bien entendu, se trouve la crise économique dans laquelle est empêtrée la France depuis déjà de longues années.
Les Français ayant tendance à diminuer leur budget loisir, les paris hippiques et le poker en ligne deviennent parfois un luxe que certains ne peuvent plus se permettre.
L’existence de joueurs professionnels qui misent beaucoup ne suffit plus à compenser les pertes de joueurs.
2/ Le second critère tient à l’incapacité des opérateurs à trouver des nouveaux joueurs. Pour les paris hippiques, la « clientèle » se fait âgée et les opérateurs peinent à séduire les plus jeunes qui préfèrent parier sur les rencontres sportives.
Ce qui explique d’ailleurs la hausse vertigineuse des paris sportifs en France pour le 1er trimestre 2014.
3/ Pour le poker, c’est la donne inverse à savoir que les joueurs sont généralement jeunes, mais ont tendance à stopper leur pratique dès lors qu’ils sont stabilisés dans la vie (appartement, emploi etc.) estimant que le poker (et les pertes d’argent afférentes) peut nuire à leur future vie de famille.
En quelque sorte, les jeunes joueurs prennent conscience qu’ils peuvent devenir addicts au poker et de surcroît, ils sont face… au paiement de leurs factures mensuelles, ce qui n’existait pas quand ils étaient chez leurs parents.
A noter que les tournois séduisent néanmoins encore dans le sens où ils offrent adrénaline et possibilité de se confronter à des joueurs de haut niveau.
Selon nous, une hypothèse « bancale » du patron de l’Arjel
Charles Coppolani émet également une hypothèse qui pourrait expliquer les difficultés du poker en ligne : le marché pourrait être arrivé à maturité.
Véritable mode il y a encore quelques années, le poker ne représente plus aujourd’hui qu’un jeu comme les autres selon le patron de l’Arjel, un argument qui ne plait guère aux opérateurs de ce jeu de cartes.
Très franchement nous n’adhérons pas non plus à cet argument. En effet, il suffirait que le poker soit à un niveau européen pour mutualiser les liquidités pour redonner vie à ce jeu qui est actuellement asphyxié par une législation trop étroite. Mais cette possibilité subit échec sur échec, et la faute est en grande partie due à la France. Il faut rappeler que les espagnols et italiens étaient pour la mutualisation !
Actuellement, les joueurs français sont enfermés dans un « château » où le Roi ou la Reine est l’exécutif.
C’est que ce Mr. Woerth nommait en Mai 2010 « encadrer » les jeux d’argent en ligne. A souligner qu’avant la législation, le poker en ligne était l’un des jeux « phare » sur internet et en croissance constante.
Bien sûr qu’il fallait une législation, mais de là à mettre les joueurs de poker en « prison »…
Quant aux paris sportifs, ils sont en pleine forme selon l’Arjel avec une hausse notable du chiffre d’affaires des opérateurs (+ 10%).
Et cette dynamique est d’autant plus intéressante qu’elle se base non pas sur une augmentation de la mise moyenne des joueurs, mais bien sur une hausse du nombre de comptes de joueurs actifs.
Charles Coppolani se réjouit d’ailleurs de voir se développer « une forme de jeu extensive avec une petite mise ».
Les missions de Charles Coppolani au sein de l’Arjel
Le Président de l’ARJEL est également revenu sur les missions de l’autorité dont il est à la tête. Et s’il y a une priorité, c’est la protection des joueurs.
1/ L’ARJEL planche ainsi sur la mise en place d’indicateurs fiables pour déceler l’addiction et lutter contre.
L’accélération de la fréquence de jeu, la hausse des enjeux et la mise en place de limitations de jeu comptent ainsi parmi les éléments clés de la stratégie de l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne.
Jusque là, les missions de l’Arjel sont logiques, mais si la Commission Européenne adopte la proposition du traçage des joueurs qui misent seulement 10 €uros, la « coupe est pleine » et « bonjour les dégâts » pour les opérateurs de jeux…
Remarquez, c’est toujours le même langage pour soit disant « protéger les joueurs ». Effectivement, pour endiguer l’addiction une fois pour toute, il faudrait interdire les publicités sur les médias de masse (radios et chaînes télévisées). C’est aussi simple que cela ! Pas besoin d’avoir fait les grandes écoles pour le comprendre…
Donc, le discours du patron de l’Arjel à ce sujet est de la schizophrénie, car prôner haut et fort que sa mission est de lutter contre l’addiction alors que les français sont tous les jours matraqués de spots (FDJ et PMU) à la télévision…
On tombe dans le langage « politicien » et plus on tombe dans le langage politicien, plus le cercle des abstentionnistes grandit, c’est un fait avéré !
2/ Le deuxième grand axe de travail de l’ARJEL reste la lutte contre l’offre illégale de jeux en ligne.
Rappelons d’ailleurs que cet axe est sans nul doute la grande réussite de la Loi sur l’Ouverture des Jeux d’Argent à la Concurrence de 2010 car, si ce texte législatif a, selon les opérateurs, nuit au développement de leurs activités, il a en revanche permis de faire migrer l’offre illégale vers l’offre légale.
Rien qu’en 2013, l’ARJEL a mis en demeure plus de 1000 sites Internet en raison de non-conformité à la loi et 65 d’entre eux ont été suspendus. Quoique, pourtant, pour les joueurs de poker en ligne, cela ne les empêche pas de jouer sur l’offre illégale tellement l’offre légale est « emprisonnée ».
Charles Coppolani a aussi profité de son interview pour rappeler l’importance de la règlementation du secteur car selon lui, « le jeu d’argent n’est pas un service comme un autre ».
C’est d’ailleurs parce que les risques d’addiction sont grands qu’il a rappelé sa ferme intention de ne pas légaliser les machines à sous en ligne en France, quitte à décevoir certains opérateurs.
En revanche, les jeux de grattage et les jeux à tirage dans les cafés qui engendrent indéniablement de l’addiction, cela ne lui pose aucun problème !
Arf, si les femmes et hommes politiques subissent un grand désintérêt en France, ils l’ont bien cherché.
Charles Coppolani va donc s’inscrire dans la lignée de la politique conduite de Jean François Villotte, mis à part que l’ancien de Bercy aura également la mission de rendre encore plus rentable les jeux d’argent pour les caisses de l’Etat Français.
Et c’est bien son principal but, quitte à se contredire et prendre les français pour des « lanternes ».