Cercles de poker en France : gros coup de balai
Alors que les amateurs de poker parisiens ne se remettent pas encore des perquisitions effectuées il y a de cela un mois au sein de l’Aviation Club de France, voilà qu’un nouveau cercle de jeux parisien a fait l’objet d’une descente policière pas plus tard que ce mardi : le Cadet.
Il faut dire que de lourds soupçons d’abus de confiance, de blanchiment d’argent et même d’extorsion en bande organisée pèsent sur les dirigeants de ce cercle de jeux.
Les cercles de jeux parisiens sont en tout cas bel et bien dans la tourmente depuis quelques années.
Le 16 Septembre dernier, les services de police des Courses et Jeux de la Direction Centrale de la Police Judiciaire déboulaient en pleine nuit sur les Champs Elysées pour perquisitionner les locaux du plus célèbre cercle de jeux de France, l’Aviation Club de France.
Une des conséquences est la mise au chômage de plus de 200 emplois…
Ces perquisitions, menées afin de tenter d’obtenir des preuves quant à des soupçons de travail dissimulé et d’abus de confiance, conduisaient à la mise en examen de Marcel Francisci, le Président de l’ACF, mais aussi à la fermeture provisoire de l’établissement.
Toutefois, l’Aviation Club de France pourrait de nouveau obtenir l’agrément pour proposer des jeux de table.
Le propriétaire du cercle Cadet, Serge Kasparian, assigné à s’expliquer
Ce mardi, changement de lieux mais bis repetita. Les services de police ont décidé d’effectuer une descente dans un autre cercle de jeux parisien.
Cette fois, dans le collimateur, c’est le Cadet, un cercle de jeux installé dans le 9ème arrondissement de Paris et spécialisé dans l’organisation de tournois de poker.
Cette fois, en revanche, aucun soupçon de travail dissimulé au sein du cercle de jeux. Par contre, plusieurs dirigeants du Cadet sont soupçonnés de blanchiment d’argent, d’abus de confiance, d’extorsion en bande organisée, mais aussi d’association de malfaiteurs, des faits graves s’ils étaient avérés.
Néanmoins, la police a principalement un dirigeant dans le collimateur à savoir le propriétaire des lieux qui n’est autre que l’homme d’affaires d’origine arménienne Serge Kasparian.
Ayant racheté le Concorde, ancien roi des machines à sous, pour le faire devenir « Le Cadet », spécialiste des tournois de poker, ce fantasque personnage est également le propriétaire de plusieurs brasseries sur Paris mais aussi dans le Sud de la France, à Aix-en-Provence entre autres.
Les services policiers suivent avec attention son business depuis quelque temps car ils le soupçonnent d’avoir recours à des montages financiers illégaux pour investir au Maroc.
Autant dire donc qu’une nouvelle fois, la perquisition dans un cercle de jeux ne serait pas directement liée à l’activité même proposée par le Cadet, mais bien aux pratiques douteuses de certains de ses dirigeants.
Il faut dire que depuis l’autorisation, en 1947, des cercles de jeux sous forme d’association de type loi 1901, ces derniers profitent d’une législation très souple à la différence de leurs concurrents, les casinos, sur qui pèsent une législation et des normes drastiques.
Peu de personnes le savent d’ailleurs, mais les cercles de jeux doivent être institués comme des associations à but non lucratif ce qui signifie qu’ils doivent reverser tout ou partie de leurs gains à des associations caritatives ou humanitaires le plus souvent.
Seulement, dans la pratique, cette obligation n’est que peu voire pas du tout respectée, les flux financiers étant à l’image de la gestion de ces cercles de jeux, très opaques.
C’est d’ailleurs parce que la réglementation est trop souple et que l’opacité règne dans ce milieu, que le grand banditisme a su faire sien le contrôle des divers cercles de jeux parisiens.
Il y a 60 ans pourtant, à l’instauration des cercles de jeux, personne ne pouvait imaginer une telle dérive mais le grand banditisme a su flairer une occasion unique pour lui d’abuser d’un système et de blanchir de l’argent sans grand risque.
Et dire que l’Etat harcèle les chômeurs, les particuliers pour les petits travaux au noir, les entreprises etc., alors que les cercles de jeux ont pignon sur rue et dont le but est d’optimiser, voire même blanchir de l’argent ! Il y a de quoi rester perplexe sur nos gouvernants…
7 des 10 cercles de jeux de poker que comptait Paris ont été contraints de fermer leurs portes pour des raisons administratives et les 3 restants sont aujourd’hui dans le collimateur de la justice.
Seulement, l’unique solution pour arrêter la spirale infernale de la fermeture des cercles de jeux de poker est que l’Etat prenne ses responsabilités et mette en place une nouvelle législation pour encadrer ces établissements.
Toutefois, à la vue de l’inertie gouvernementale, on peut se demander si l’Etat n’est pas « silencieusement » favorable à la disparition des cercles de jeux ce qui serait une solution beaucoup plus simple pour couper net le lien entre jeux d’argent et grand banditisme. A voir donc prochainement le déroulement de l’affaire Cadet…