Casinos, un ancien croupier témoigne sur ce métier
C’est fort de six ans d’expérience en tant que croupier dans deux casinos situés en Normandie que Pierre Lechaix, a tenu à présenter l’envers du décor des établissements de jeux, notamment ceux où il a exercé ce métier.
Donc son témoignage n’est pas général à tous les casinos, ceci est important.
Avouant avoir été dégoûté par cette industrie, l’ancien croupier a décidé de donner sa propre vérité de ce métier sur une activité où tout semble bon pour faire de l’argent.
A l’heure où la crise économique frappe la France, les casinotiers français ont pour beaucoup vu leurs chiffres d’affaires baisser.
Malgré cela, chaque jour, plusieurs milliers de joueurs se rendent dans les casinos en France afin de jouer. Si le budget à dépenser est moindre, le jeu s’accompagne toujours du rêve de devenir riche grâce à un gros jackpot.
Et les établissements de jeux savent entretenir ce rêve en proposant des pactoles à gagner dont les montants sont toujours plus élevés, mais ce n’est pas tout, puisqu’ils savent aussi faire croire aux clients que ce sont ces derniers qui maîtrisent leur destin.
Jusque là, c’est aussi la stratégie de la FDJ avec son slogan « Chaque jour est une chance ».
Bien évidemment, si tout cela est vrai, c’est que les casinos sont prêts à tout, selon cet ancien croupier, pour que les joueurs dépensent leur argent, et c’est bien ce que Pierre Lechaix a pu constater en découvrant ce milieu.
En effet, sur proposition d’un conseiller Pôle Emploi, il entreprend une formation de croupier à la Cerus Academy qu’il valide, et qui lui permettra de travailler durant 6 ans dans deux casinos situés en Normandie.
Casinos en France, une stratégie marketing bien huilée selon ce croupier
Ainsi, l’ex-croupier a un regard de connaisseur sur cette industrie qui génère des millions d’euros et plus de 50.000 emplois en France. Pour lui, la première clé des casinotiers est l’ambiance qu’ils parviennent à faire régner dans leur salle de jeu.
Les décors luxueux, les lumières très présentes des machines à sous ou encore le bruit continu et parfois assourdissant de ces dernières sont de véritables incitateurs au jeu surtout que, la majorité du temps, lumière et sons sont présents pour saluer les gagnants.
Cet ancien croupier évoque aussi l’absence d’horloges et la rareté des fenêtres, l’objectif non avoué étant bien évidemment de faire perdre toute notion du temps aux joueurs, habitués comme novices.
Plus longtemps ils restent au sein du casino, plus il y a de chances qu’ils dépensent de l’argent, c’est pourquoi lorsque vous vous rendez dans un casino, suivez absolument ces conseils.
Tous ces éléments peuvent s’apparenter à une stratégie marketing bien ficelée par les gérants de casinos français et étrangers. Toutefois, les incitations à jouer ne s’arrêtent pas là et les autres sont bien plus problématiques, si on en croit ce croupier.
Des pratiques en opposition complète avec la lutte contre l’addiction selon cet ancien croupier
Si tous les casinotiers s’engagent en faveur de programmes de lutte contre l’addiction aux jeux d’argent, il semblerait qu’ils ne souhaitent pas appliquer à leur propre activité les engagements qu’ils prennent, puisque l’ancien croupier affirme que tout est fait, mais absolument tout, pour engranger de l’argent.
Il cite ainsi les boissons alcoolisées offertes par le bar ou bien par l’hôtel dans lequel est installé le casino. Pour lui, ces boissons n’ont pas vocation à bien accueillir le joueur mais plutôt à le mettre dans de bonnes dispositions pour jouer.
Même s’il ne concerne qu’un nombre infime de joueurs, le lien entre alcoolisme et addiction aux jeux existe bien selon l’ancien croupier. Un comble si cela est vrai…
Dans la même lignée, Pierre Lechaix déplore le système de récompenses mis en place par les gérants de la plupart des casinos en France qui rendent accros les joueurs.
Plus il dépense, plus il empoche de cadeaux. L’incitation à jouer est donc sans équivoque, plutôt inédit pour des « entreprises » qui déclarent vouloir lutter contre les problèmes de plus en plus fréquents d’addiction ! Et à priori, l’Etat laisse faire ces pratiques dans tous les casinos physiques…
Or, on perçoit bien là le double discours des autorités françaises concernant l’interdiction des casinos en ligne pour exactement le prétexte d’addiction. Bizarre non ? Mais c’est un autre débat…
Revenons aux sentiments de cet ancien croupier : Pierre Lechaix a découvert aussi les techniques visant à « manipuler » les joueurs.
Au cours de sa formation « sur site », cet ancien croupier se souvient parfaitement avoir appris à gérer l’état émotionnel des joueurs, afin que ces derniers dépensent encore et toujours.
Ainsi, face à un joueur qui enchaîne les parties gagnées, un croupier sait qu’il va devoir accélérer le rythme. Inversement, face à un joueur en difficulté, il va falloir ralentir afin qu’il ait la sensation de disposer du temps nécessaire pour réaliser les bons choix et analyser ce qui doit l’être…
Ce croupier se souvient aussi des consignes formulées pour ne jamais « plumer » un client, celui-ci devant conserver l’envie de revenir jouer d’autres fois. Pour autant, l’ancien croupier avait interdiction de freiner les ardeurs d’un joueur et ce, même s’il lui semblait en bien mauvaise posture.
Pierre Lechaix le déplore aujourd’hui, mais il a vu des centaines de clients se faire prêter de l’argent sans pouvoir rien leur dire, alors que la lutte contre l’addiction devrait imposer à un croupier de dire stop lorsqu’il juge que le jeu devient trop dangereux pour un individu.
Pour informations, n’oublions pas que des centaines de joueurs souscrivent des crédits rien que pour assouvir leur passion du jeu en tout genres.
Parce qu’il n’en pouvait plus de profiter de la misère sociale pour remplir les caisses d’un casino, ce croupier a décidé de jeter l’éponge et de mettre un terme définitif à son métier après 6 ans seulement d’exercice.
Se sentant aujourd’hui coupable d’avoir conduit à la ruine de nombreux individus, Pierre Lechaix a développé une réelle aversion aux jeux d’argent. Seul le poker trouvant encore une raison d’être en lui, du fait que le hasard des cartes ne fait pas tout car les compétences du joueur entrent en jeu.
Bref, son témoignage sur le métier de croupier est extrêmement négatif. Néanmoins, on est en droit de se poser cette question: la Cerus Academy, habilitée en France à former des croupiers et par laquelle il a obtenu son diplôme, analyse-t-elle les critères psychologiques nécessaires des candidats pour exercer ce métier ?
Car en effet, il y a certainement des personnes qui ne possèdent pas les caractéristiques propices pour travailler comme croupier dans les casinos.
Donc nous ne pensons pas que tous les croupiers de France ont le même avis sur les méthodes des casinos. Mais quand même, Pierre Lechaix soulèvent de nombreuses et pertinentes interrogations…