Bruxelles planche sur les jeux faussement gratuits sur mobiles
Alors que le modèle « free-to-play » s’est imposé dans le monde des jeux mobiles, voilà que la Commission Européenne a décidé de s’ériger contre les développeurs d’applications proposant des jeux « faussement gratuits ».
Jugeant que les développeurs des jeux freemium profitent des consommateurs, la Commission Européenne a convoqué la semaine passée Google et Apple afin d’évoquer les problèmes liés au paramétrage par défaut de leur système de paiement, mais surtout afin d’y trouver des solutions.
Depuis maintenant de longs mois, le free-to-play (F2P) est devenu le modèle économique le plus apprécié des développeurs de jeux sur mobiles et tend à le devenir dans l’univers du PC et des consoles de jeux.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, les jeux en free-to-play, aussi appelés jeux freemium, sont des titres dont le téléchargement est gratuit mais qui proposent ultérieurement durant les parties divers contenus payants.
Si King a remporté le jackpot avec son jeu Candy Crush, développé en s’appuyant sur le modèle du free-to-play, ces jeux « faussement gratuits », comme les appellent certains, peuvent coûter très chers voire même ruiner des joueurs.
En effet, divers cas ont été évoqués par la presse et certains sont dramatiques comme celui de cette maman anglaise qui a découvert que plus de 2000€ avait été dépensés par son jeune fils pour tenter d’avancer dans Zombies VS Ninja.
Si certains jugent ces cas comme « isolés », Apple a tout de même dû, rappelons-le, verser plus de 30 millions de dollars en début d’année à des familles qui avaient estimé que leurs enfants avaient déboursé de l’argent dans des applications mobiles en raison du manque de « sécurité » du système de paiement sur l’AppStore.
La Commission Européenne a convoqué Google et Apple
Aussi, parce qu’elle juge que les développeurs de jeux freemium trompent quelque peu les utilisateurs de terminaux mobiles, la Commission Européenne a décidé d’agir dans ce dossier en s’attaquant au marché par deux axes différents.
En premier lieu, Bruxelles a ainsi convoqué Apple et Google, propriétaires des deux principaux catalogues de jeux mobiles à savoir l’AppStore et Google Play.
Les deux géants américains ont ainsi été invités à revoir le logiciel de paiement sur leurs plateformes respectives.
La Commission Européenne a clairement pointé du doigt le fait qu’il est possible d’effectuer des achats simplement grâce aux paramètres par défaut et sans le consentement de l’utilisateur, les cartes bleues étant au préalable enregistrées et pouvant donc facilement servir de moyen de paiement.
Bruxelles a donc demandé à Apple et Google de mieux sécuriser le paiement en renforçant, entre autres, l’efficacité d’un code de contrôle demandé automatiquement et non après paramétrage comme c’est le cas sur Android.
Autant dire que Bruxelles souhaite qu’il soit désormais impossible d’acheter un quelconque contenu sur mobile sans le consentement clair du détenteur du compte débité. Essentiel et tellement logique en somme !
En second lieu, la Commission Européenne souhaite également faire prendre conscience aux développeurs de jeux freemium des dangers auxquels ils exposent les joueurs les plus vulnérables et en particulier… les enfants.
Dans ce cadre, Bruxelles voudrait que les développeurs ne puissent plus « induire en erreur » les joueurs quant à la gratuité ou non des jeux mobiles. Ainsi, pourraient apparaître des mentions indiquant dès l’achat du jeu quels seront les contenus payants et quel sera leurs prix.
Dans la même lignée, la Commission Européenne aimerait que les développeurs cessent d’inciter les joueurs à acquérir coute que coute les contenus payants quitte parfois à employer des argumentaires trompeurs.
De nombreux autres pratiques des développeurs ont été dénoncées et l’idée de l’ « Office of Fair Trading », organisme britannique planchant sur les questions de droit de la consommation et droit de la concurrence, de créer une charte des développeurs de jeux, comprenant les pratiques à suivre pour qu’un jeu respecte pleinement son « consommateur », pourrait être une bonne solution.
Ceci est d’autant plus vrai que la Commission Européenne, si elle souhaite protéger les utilisateurs, connait également les enjeux économiques du secteur. Un compromis pourrait donc être trouvé.
Au final, s’il est certain que des choses vont changer dans les prochains mois pour réduire les risques des jeux freemium, mais impossible de savoir à l’heure actuelle quelles seront les réelles évolutions du secteur…