Arnaque à la roulette anglaise au Casino d’Enghien nommée « colour up scan »
Au cours du mois d’août, cinq personnes ont raflé pas moins de 127 300 euros au Casino d’Enghien-les-Bains, commune située dans le Val d’Oise en île de France.
Pour cette arnaque à la roulette anglaise, nous aurions pu imaginer un scénario de haute voltige digne du film « Ocean Eleven ».
Mais la réalité est beaucoup moins spectaculaire et deux des cinq suspects ont été jugés devant le Tribunal Correctionnel de Pontoise pour cette arnaque à la roulette anglaise.
Mais comment ont-ils fait ?
Cette arnaque à la roulette anglaise est, contrairement à celle-ci, bien connue des services de sécurité des casinos ; elle se nomme dans le jargon des casinotiers « colour up scan ».
Les cinq hommes originaires d’Espagne et de République Dominicaine ont utilisé, non pas une martingale, mais une technique de subtilisation que l’on retrouve au jeu du bonneteau.
Grâce à cette technique, les cinq hommes ont réussi à détourner la vigilance de la sécurité et des croupiers du casino.
À la roulette anglaise, chaque joueur détermine la valeur de ses jetons de couleurs à l’achat : de 5 à 100 euros. Le joueur qui se trouve à la table subtilise des jetons en détournant l’attention du croupier.
Il les met ensuite dans sa poche puis s’en va aux toilettes, seul endroit du casino dépourvu de caméras de surveillance. En principe, aucun jeton ne doit quitter la table de jeu, c’est interdit dans les casinos en France et idem pour ceux du monde entier.
Aux toilettes, il rejoint un complice pour lui transmettre des jetons qu’il a achetés pour une valeur nominale de 5 euros. Le complice a, quant à lui, acheté des jetons de la même couleur pour une valeur nominale de 100 euros.
Celui-ci n’a plus qu’à les échanger contre de l’argent à la caisse, multipliant ainsi la valeur des jetons qui lui ont été donnés par 20 ! Bien vu mais cette arnaque à la roulette anglaise n’a pas duré…, contrairement aux arnaques à la loterie qui persistent encore à ce jour.
L’équipe n’était pas à son premier coup d’essai
La technique du « Colour up scan » est très difficile à mettre en œuvre car elle nécessite de détourner l’attention des croupiers et de la sécurité.
Le croupier ne doit pas se rendre compte qu’il manque des jetons sur la table, ni que le joueur fait des allers-retours aux toilettes. D’ailleurs, c’est ce qui a fini par alerter la sécurité.
C’est en regardant les enregistrements des caméras de vidéosurveillance que le Casino d’Enghien, une fois de plus, a constaté qu’il y avait une arnaque à la roulette anglaise.
Les cinq complices avaient tenté d’opérer de la même manière dans les Casinos de Cannes, de Cassis, de Lille, de Lyon et de Marseille, mais sans succès.
Le personnel des ces casinos serait-il plus efficace que celui d’Enghien pour parer aux arnaques ? Comme nous le constaterons après dans cet article, selon le Tribunal, la réponse est oui !
« Il s’agit de professionnels »…
« Il s’agit de professionnels, d’une équipe qui est en représentation, qui veut échapper à la vigilance des caméras, des croupiers, des équipes de surveillance. C’est une représentation qui doit être parfaitement exécutée. Lorsque cela n’est pas le cas, cela ne marche pas ».
C’est ce que le Procureur de la République a assuré devant le Tribunal Correctionnel de Pontoise où deux des cinq complices ont été présentés ce mercredi 16 septembre. Le Procureur souligne d’ailleurs le fait que certains des escrocs avaient utilisé de fausses identités.
Mais pourquoi 2 escrocs seulement étaient jugés ? C’est tout simple, les autres complices sont toujours dans la nature et activement recherchés…
Des peines retenues par le parquet allant jusqu’à deux ans
L’avocate des deux prévenus, Nelson G (éleveur de poules en Espagne) et Félix A (cuisinier en CDD) a tenté de minimiser leur rôle dans cette affaire.
Le suspect principal, absent du procès, a été condamné à 2 ans de prison ferme pour escroquerie en bande organisée.
Les autres complices ont été condamnés à des peines de prison de 10 mois à 6 mois avec sursis pour Félix A (l’une des petites mains).
Le Tribunal les a aussi condamné solidairement à rembourser le préjudice financier qu’il a estimé à 127 300 euros alors que le Casino d’Enghien-les-Bains estimait son préjudice à 334 000 euros.
La négligence du casino pointée du doigt par le Tribunal ?
Le préjudice financier invoqué par le casino aurait été calculé « de manière simpliste ». C’est ce qu’a estimé l’avocate de la défense, maître Séverine Colnard.
Il s’agit en effet d’une arnaque à la roulette anglaise, très fréquente dans les casinos, tout celle-ci concernant des machines à sous.
C’est une escroquerie qui peut être facilement déjouée par la sécurité ainsi que les croupiers. D’ailleurs, le fait que les auteurs avaient essayé sans succès la même technique dans d’autres casinos prouve une certaine négligence du Casino d’Enghien.
Le niveau d’expertise des croupiers et le manque de formation ont d’ailleurs été mis en cause. De plus, le Tribunal Correctionnel n’a retenu que la période de 9 au 17 août pour estimer la valeur réelle du préjudice, période pour laquelle il dispose de vidéos pour confirmer les accusations.
Bref, bien que les nouvelles technologies envahissent les jeux de casino, notamment avec les roulettes tactiles, il existe bien pire en matière d’arnaques !