L’ANJ rejette la stratégie promotionnelle 2023 de la FDJ
Aujourd’hui, la Française des Jeux (FDJ) bénéficie du monopole sur les jeux d’argent en France pour les jeux à tirage (loteries) et les jeux de grattage.
Cependant, comme vous le savez certainement, d’autres opérateurs de jeux agréés existent notamment pour le poker, les paris sportifs et hippiques, sans compter les casinos physiques ainsi que les cercles de jeux.
Chargée de réguler et d’assurer la transparence et le bon déroulement des divers jeux de tirage comme les loteries, jeux de grattage et autres jeux de paris sportifs, la FDJ n’est pas pour autant sujette à aucune régulation.
En effet, l’ANJ (Autorité de régulation des jeux d’argent en ligne) garde un œil affûté sur les actions de la FDJ et notamment sur ses actions marketing.
C’est ainsi que nous apprenions très récemment que l’ANJ a rejeté la stratégie promotionnelle 2023 de la FDJ. Mais pour quels motifs cette stratégie promotionnelle pour 2023 a-t-elle été rejetée ?
Découvrons tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet épineux qui entrave la progression de la FDJ sur ses actions marketing destinées auprès des joueurs français, mais aussi sur son cours de bourse.
La FDJ : un monopole des jeux de loteries et de grattage en France
La Française des Jeux est une société d’économie mixte d’État constituée sous la forme d’une société anonyme.
Depuis 1979, elle est chargée de concevoir, développer et commercialiser des jeux d’argent en France. On peut par exemple citer la loterie Loto, le Joker +, l’EuroMillions, le Keno, ou encore les jeux de grattage (réunis sous la marque Illiko) comme le Carré Or, Millionnaire, Lucky Park et le Mini Jackpot entre autres.
Le rôle de la FDJ est également d’assurer la régularité, la transparence et le bon déroulement de l’ensemble de ses jeux proposés aux français.
En France, la FDJ est donc un organe unique qui a aujourd’hui le monopole dans le domaine des jeux d’argent cités ci-dessus.
Ceci n’empêche pourtant pas la FDJ d’avoir recours à de la publicité afin d’assurer son essor, comme toutes entreprises, mais c’est justement sur sa stratégie promotionnelle 2023 que l’ANJ a épinglé la FDJ. Voyons cela plus en détails dès maintenant.
Qu’est-ce que l’ANJ ?
L’Autorité de régulation des jeux d’argent en ligne (ou « ANJ » anciennement nommée ARJEL dirigé par Charles Coppolani) est un organisme d’État qui a été mis en place en 2010.
Son but est de réguler les jeux d’argent et de hasard proposés par tous les acteurs des jeux d’argent sur le marché français.
Quelles sont les missions de l’ANJ ?
Avec la mise en place de l’ANJ, les missions de cette Autorité sont claires :
- Prévenir le jeu excessif ;
- Assurer la protection des mineurs ;
- Assurer l’intégrité des opérations de jeux d’argent ;
- Veiller à l’équilibre entre les différentes filières de jeux ;
- Prévenir les activités frauduleuses ;
- Maintenir le jeu d’argent dans une perspective durable de jeu récréatif.
Dans cette optique, l’ANJ a donc un droit de regard sur toutes les stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent et notamment sur celle de la FDJ, PMU y compris.
Quel est le cadre légal qui entoure les stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent ?
Les stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent sont soumises à l’approbation de l’ANJ chaque année.
Il s’agit là d’un passage obligé pour tous les opérateurs afin de respecter les objectifs de la politique de l’État en matière de jeux d’argent et de hasard.
Ceci implique spécifiquement la prévention du jeu excessif ou pathologique et la protection des mineurs.
L’ANJ va donc pour cela être regardante sur plusieurs critères des différentes stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent français dans le but de laisser les opérateurs assurer leur promotion (recours légitime à la publicité pour promouvoir l’offre légale de jeu), tout en veillant à ne pas encourager le jeu excessif.
Décision de l’ANJ, le couperet tombe sur la FDJ : rejet de sa stratégie promotionnelle 2023
L’Autorité de régulation des jeux en ligne publiait le 24 février 2023 sur son site internet le bilan de son examen des stratégies promotionnelles 2023 des opérateurs de jeux d’argent.
L’ANJ précise par exemple que plusieurs critères ont été évalués : les investissements publicitaires, la fréquence des campagnes publicitaires, le marketing d’influence et le sponsoring sportif.
L’analyse des différentes stratégies promotionnelles des opérateurs de jeux d’argent pour 2023 par l’ANJ a globalement permis de soulever des tendances qui vont demander une vigilance particulière à l’avenir.
Ainsi, il a été remarqué :
- Les prévisions d’investissements publicitaires sont élevées pour 2023 (hausse de 6 % par rapport à l’an dernier) ;
- Le marketing d’influence devient un recours important, ce qui permet de toucher un public plus jeune. L’augmentation du sponsoring sportif prévu pour cette année aurait potentiellement les même effets ;
- Une augmentation de l’utilisation des canaux numériques pour la promotion des jeux d’argent ;
- Une omniprésence du jeu d’argent : avec la publicité, les opérateurs de jeux d’argent tendent à positionner leurs jeux comme produit de consommation courante qui rentrerait dans le quotidien des français.
Ainsi, la pression publicitaire reste donc forte et la tendance voit se dessiner une augmentation du jeu excessif.
Malgré tout, 18 opérateurs se sont vus approuver leur stratégie promotionnelle pour 2023 sous couvert de respect de conditions exigeantes pour réduire la pression publicitaire, notamment en ligne.
Cependant, il y a un mauvais élève dans le lot qui a essuyé un refus catégorique : l’ANJ a recalé uniquement la stratégie promotionnelle 2023 de la FDJ.
Un pavé dans la marre pour la FDJ qui est obligée de revoir sa copie en matière de publicités, notamment sur les réseaux sociaux.
Pourquoi l’ANJ a rejeté la stratégie promotionnelle 2023 de la FDJ ?
Pour résumer, la FDJ n’aurait pas respecté l’équilibre nécessaire à maintenir entre la promotion du jeu d’argent pour mettre en avant ses produits et la mesure demandée afin de ne pas encourager le jeu excessif.
Ceci se traduit notamment par :
- Trop de campagnes promotionnelles, institutionnelles et de sponsoring d’envergure : l’exposition publicitaire de la FDJ est trop importante ;
- Des loteries proposées avec une stratégie promotionnelle trop offensive ;
- La mise en avant de la participation aux jeux d’argent de la FDJ comme cause d’intérêt général (contribution sociétale du groupe).
De plus, le fait que la FDJ ait un monopole sur son activité n’a fait qu’alourdir la conclusion de l’ANJ : la stratégie promotionnelle de la FDJ n’est pas suffisamment mesurée et limitée contrairement aux directives dictées par la Commission Européenne dans le cadre d’un monopole.
Et en effet, selon l’ANJ dans son rapport : « Il ressort du cadre juridique en vigueur rappelé au point 3 que la politique promotionnelle d’un opérateur en situation de monopole doit être mesurée et se limiter strictement à informer ses clients potentiels de l’existence de son offre et non à stimuler ni encourager cette dernière ».
Que doit faire la FDJ suite à ce rejet ?
Avec la décision de l’ANJ, la Française des Jeux a un mois pour revoir son plan de stratégies promotionnelles pour 2023. Elle devra alors discuter avec les services de l’ANJ et réaliser une nouvelle demande d’approbation.
À une époque où la pression publicitaire des jeux d’argent reste forte et où la tendance va vers une augmentation du jeu excessif, l’ANJ durcit ses exigences et cherche à « désintensifier » ce phénomène, en particulier en ligne pour protéger les publics plus vulnérables.
Et il faut bien avouer que laisser promouvoir par exemple des jeux de grattage sur YouTube via des pseudo influenceurs de pacotille présente peu d’intérêt. Un gros ménage s’impose, surtout sur les réseaux sociaux.
Pour conclure, la FDJ, en forte hausse en 2022, se doit de montrer désormais « patte blanche » en matière de marketing. De surcroît, son monopole l’exige. Affaire à suivre donc…