Addiction aux jeux d’argent : des joueurs accros de Corse témoignent
L’addiction aux jeux d’argent peut détruire des vies, c’est la réalité actuelle surtout depuis l’avènement des jeux d’argent en ligne.
Chaque année, de nombreuses personnes mettent en péril leur foyer, se séparent de leur famille et même pire, se suicident, tout cela à cause de leur addiction aux jeux d’argent qui les pousse à miser des sommes exorbitantes.
Voici donc dans cet article quelques exemples de joueurs accros de Corse qui témoignent, aussi bien de leur descente aux enfers que de leur prise de conscience pour changer leurs habitudes.
Préambule : jouer à des jeux d’argent est devenu tellement si facile…
L’addiction aux jeux d’argent peut toucher n’importe qui : hommes, femmes, adolescents, personnes âgées ou entre deux âges, bref, toutes les classes sociales sont représentées.
Il est à noter que compte tenu de la multitude de sites de jeux d’argent en ligne, le fléau de l’addiction en France accentue sa progression : jeux de grattage, loteries en tout genres, casino, paris sportifs, poker, bref, si un joueur désire défier le hasard, il a le choix parmi un panel de jeux d’argent en ligne extrêmement large.
Il faut souligner que les joueurs jeunes (18 à 35 ans) sont de plus en plus nombreux à tomber dans la dépendance aux jeux. En effet, avec internet et les smartphones, il est devenu si simple de jouer à des jeux d’argent que ce constat n’est presque pas surprenant.
Pour exemple, la dernière Coupe du Monde de football au Qatar a généré 900 millions d’euros de paris enregistrés en ligne et en points de vente.
Cette somme record est bien au-delà des estimations prévues par l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ). Pour comparaison, la Coupe du Monde 2018 avait généré 366 millions d’euros de mises.
Et pour rappel, en 2018, contrairement à la Coupe du Monde 2022, nos écrans plats étaient bombardés de pubs de bonus en tous genres lors de la compétition ! Imaginez-vous le montant des mises si ce même matraquage avait eu lieu aussi lors de l’évènement de 2022 ?
Force est de constater donc que le secteur des paris sportifs est en pleine croissance mais cependant, il entraîne avec lui toute une nouvelle génération de parieurs en proie avec l’addiction.
Bien sûr, la majorité des jeunes parieurs ne va pas développer forcément une dépendance aux jeux. Mais un certain pourcentage (de 3 à 6% selon les jeux) succombe par évidence aux chants des sirènes.
Et les autres jeux d’argent ne sont pas en reste, surtout dans le secteur des casinos en ligne, toujours interdits en France, donc non légalisés encore à ce jour alors que c’est celui qui engendre le plus de joueurs accrocs, machines à sous obligent.
Ces joueurs, estimés à plus de 500 000 en France, sont laissés à l’abandon à tous les niveaux : rejets récurrents du paiement de leurs gains, clôtures des comptes des joueurs compulsifs non respectées par la grande majorité des opérateurs actuels, arnaques à tous les étages, impossibilité de se faire interdire de jeu, bref, les joueurs de ces casinos sont les éventrés par la loi de mai 2010 qui les ignore totalement.
En savoir plus sur ce sujet épineux, c’est par ici. Nicolas Béraud, patron du site de paris en ligne Betclic en parle aussi dans cette vidéo.
Bonjour, je veux un jeu de grattage mais je n’ai que… 13 ans
Certains jeunes en Corse admettent avoir commencé à jouer à des jeux d’argent vers l’âge de 13 ans en moyenne.
En 2021, ce sont effectivement 78,4 % des 15-17 ans qui concèdent avoir déjà testé un jeu de grattage. Les parents fautifs ?
La plupart du temps, ces jeunes joueurs de Corse utilisent leur argent de poche pour financer cette pratique qui est pourtant illégale en France.
C’est à se demander d’ailleurs pour quelles raisons l’achat des jeux de grattage n’est pas encore soumis à des contrôles plus strictes, régulé tout autant que les jeux d’argent en ligne. Et pourtant, c’était bien dans les cartons de l’État…, il fut un temps.
L’addiction aux jeux d’argent… en héritage
Sophie, joueuse invétérée qui habite en Corse, la quadra pétillante, admet jouer tous les jours à des jeux de grattage et quant à ses dimanches, « ses petites journées plaisirs comme elle dit », elle les passe généralement aux machines à sous du casino municipal d’Ajaccio.
Sophie précise que son budget hebdomadaire se chiffre aux alentours de 600 €, mais cela peut être « parfois plus » comme elle aime à le spécifier dans son témoignage.
Elle tient tout de même à préciser qu’elle tempère sa frénésie de jouer : « J’ai conscience que l’argent peut partir très vite, dit-elle. C’est pour cette raison que je paye toujours mes factures d’abord, et que je joue uniquement ce qui reste… et toujours en liquide. Il ne faut surtout pas prendre sa carte bancaire ou son chéquier dans un casino ! ».
Et cette passion de cette joueuse de Corse pour le jeu est quasiment récurrente dans sa famille : ses deux parents, mais aussi sa grand-mère et son oncle avaient déjà cette habitude.
Ce dernier a d’ailleurs vendu quelques biens et multiplié les prêts pour rembourser ses dettes dues à son addiction aux jeux d’argent.
La mère de Sophie, de son côté, a préféré se faire interdire de casino : « le loyer de son locataire était directement dilapidé dans les machines à sous ».
Mais comme beaucoup d’autres joueurs en Corse, Monaco n’est pas bien loin et là-bas, ils peuvent réactiver leur passion démesurée pour le jeu sans aucun problème.
En effet, une interdiction volontaire de jouer au casino effectuée en France devient caduque à Monaco…
L’addiction aux jeux d’argent brise des familles…
Les joueurs accrocs parlent souvent d’adrénaline lorsqu’ils évoquent une raison qui les pousse à jouer. Mais scientifiquement, c’est plutôt la dopamine, une hormone du plaisir qui rentre en ligne de compte.
Patricia, la trentaine, joueuse accroc de Corse également, partage ce témoignage car si ce dernier dit-elle « peut aider certains à comprendre que leur addiction aux jeux d’argent peut leur faire tout perdre, alors oui, il faut en parler ».
Patricia a été en couple en Corse avec un joueur accroc pendant plus de 10 ans, elle sait donc de quoi elle parle :
« Il a détruit notre couple et notre vie de famille, admet-elle. Au début, il jouait juste à la console, puis ça a été les cartes et enfin le casino. Quand il gagnait 2 000 ou 3 000 €, il rejouait tout le lendemain. Et même sans un sou, il y retournait quand même ! Maintenant, alors que nous sommes séparés, au lieu de venir voir son fils, il préfère jouer aux cartes. Sans compter qu’Ajaccio, c’est petit, tout se sait. Donc en plus de devoir gérer l’addiction aux jeux de mon homme, je dois aussi gérer la honte… »
Pendant plusieurs années, Patricia a tenté d’aider son mari. Mais comme tous les joueurs accros, il était juste plein de promesses : « c’est bon, le petit est né, je ne jouerai plus ! ».
Bref, l’addiction aux jeux est bien une pathologie à prendre au sérieux par les autorités. Les graves dérives qu’elle peut engendrer peuvent se révéler dramatiques.
Avoir le fameux « déclic » pour sortir d’un cercle vicieux ?
« J’avais oublié que le jeu était simplement un passe-temps, un loisir », voici ce que déclare Hugo, un autre joueur accroc de Corse, maintenant que son addiction aux jeux d’argent a été soignée.
De 16 ans à 18 ans, ce jeune Ajaccien pouvait dépenser un peu plus de 1 200 € par mois en paris hippiques. Premiers salaires et économies y sont passés…
Il compare d’ailleurs les joueurs accros à des alcooliques : « quand tu vas dans un bar, il y a des gens qui boivent, donc toi aussi tu bois. Il se passe la même chose avec le jeu. Ça devient ton obsession, tu dépenses de plus en plus pour faire le malin. J’étais arrivé à un stade où je ne pouvais plus rien payer, je séchais les cours pour aller au bar et jouer. Tout ce que j’attendais, c’était les virements du PMU »…
Le déclic qui lui a ouvert les yeux, c’est sa rencontre avec sa copine et l’ambition d’avoir des projets avec elle : « tout n’est pas encore gagné, je sors petit à petit de mon addiction grâce à elle ».