Le projet du complexe EuroVegas à Madrid est-il abandonné ?
Evoqué depuis de très longs mois maintenant, le projet du complexe EuroVegas, un « mini Las Vegas » européen dont la naissance était prévue dans la banlieue madrilène, semblait tenir le bon bout puisque la première pierre devait être posée dans le courant du mois de Décembre 2013
Mais finalement, l’actionnaire majoritaire, le Groupe Las Vegas Sands dirigé par le milliardaire Sheldon Adelson, a décidé de ne pas investir les 30 milliards de dollars nécessaires au projet.
Des désaccords quant aux dérogations légales pour ce « Temple des jeux d’argent » semblent à l’origine de ce retournement de situation.
C’est le 13 Décembre dernier que Le milliardaire américain a fait part de sa volonté de ne finalement pas se positionner pour le financement du projet EuroVegas, un immense complexe dont les artères de son cœur était des casinos pharaoniques en dur. A n’en pas douter, les écologistes espagnols contre ce complexe démentiel depuis 4 ans respirent mieux désormais.
Le projet Eurovegas, dont l’implantation était prévue à Alcorcon, ville de la banlieue de Madrid, était grandiose. Il prévoyait entre autres la construction de six casinos, de douze hôtels de luxe, de cinémas, de théâtres, de salles de conférence mais aussi de terrains de golf.
Certains partisans de ce projet voyaient d’ailleurs là une véritable opportunité pour l’économie espagnole puisque, alors que le taux de chômage dans la péninsule ibérique dépasse aujourd’hui les 25%, le « Las Vegas » européen permettait de créer plus de 180 000 emplois directs et probablement au moins 70 000 emplois indirects.
Néanmoins, l’Espagne devra faire sans étant donné que Las Vegas Sands a freiné ce projet. Si, selon le communiqué rédigé par le groupe américain, ce retournement de situation serait lié à la volonté d’investir davantage en Asie qu’en Europe, d’autres raisons pourraient avoir refroidi les investisseurs.
En réalité, Adelson et ses partenaires n’auraient que peu apprécié les faibles avancées du gouvernement espagnol pour tenter d’offrir diverses dérogations à la loi pour ce « Las Vegas européen ».
En effet, afin d’être sûr que l’investissement soit rentable, Las Vegas Sands aurait imposé à Madrid diverses révisions législatives quant au droit du travail, mais aussi de la protection sociale. Pire encore, sur l’interdiction de fumer…
En effet, le groupe américain aurait également demandé au gouvernement espagnol d’offrir une dérogation au « complexe de jeux » concernant la loi anti-tabac.
Pour Las Vegas Sands, inenvisageable de financer un projet respectant l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
Si l’Espagne était prête à faire quelques efforts, il semblerait que les dernières demandes formulées par le groupe d’Adelson, à savoir des conditions fiscales plus avantageuses, la mise en place de restrictions sur le marché pour l’entrée de nouveaux opérateurs, ou encore l’assouplissement des lois relatives à l’accès aux jeux d’argent des mineurs et des ludopathes, a fini par faire capoter le projet.
L’Europe s’est-elle opposée au projet espagnol ? Question posée…
Derrière l’échec de ce projet EuroVegas, certains verront assurément un nouvel échec de la politique économique conduite par l’Espagne depuis de nombreuses années.
Pourtant, il est fortement possible que ce ne soit pas le gouvernement espagnol qui soit la cause de cet échec, mais plutôt, en « sous-marin » les députés Européens. Et pourquoi pas ? Une piste que nous évoquons car elle n’est pas à écarter…
Effectivement, se voir imposer des directives contraires au droit européen par un milliardaire narcissique assoiffé de modifications du droit européen, de surcroît pour des jeux d’argent, cela a peut-être pu heurter une quantité non négligeable de députés Européens.
De plus, pour l’Espagne, se mettre à dos les 3 premières puissances européennes que sont l’Allemagne, la France et l’Italie à cause des dérogations imposées par Sheldon Adelson, n’était certainement pas jouable au Parlement nonobstant son argument du chômage le plus élevé d’Europe.
Bref, l’avenir nous apprendra ce qu’il s’est réellement passé dans les coulisses politiques pour que ce projet EuroVegas à l’espagnol s’écroule comme un château de cartes.
Barcelone, la région catalane a gagné son pari finalement
En tous les cas, les écologistes applaudissent l’annulation du projet du milliardaire fou en raison des dramatiques conséquences sur l’environnement qu’il aurait pu avoir.
Comme l’a suggéré l’économiste José Garcia, peut-on véritablement imaginer que l’Espagne sorte de la crise par la construction alors que c’est ce même secteur qui l’a plongé dans les difficultés économiques ?
Réflexion certes à méditer, mais entre construire des villes et aéroports fantômes dans des déserts et créer plus de 250.000 emplois ciblés donc durables dans le temps, il y a somme toute une grande différence !
N’en reste pas moins que la grande gagnante dans cette histoire d’EuroVegas à l’européenne, c’est la région catalane avec son projet Barcelona World, qui lui verra le jour à coup sûr dès 2014.
Et dire que le milliardaire Sheldon Adelson hésitait entre Madrid et Barcelone pour son projet ! Maintenant, il a eu la réponse des catalans et avec en prime, un TGV Paris Barcelone. Peut-être même que c’est le motif réel de son désengagement, allez savoir…
Bref, encore un coup fatal de la capitale catalane, dotée de capacités touristiques dantesques, envers Madrid la capitale politique.
Et là, pas besoin d’un milliardaire farfelu pour construire ce complexe de casinos vu que cette région qui désire, voire même anticipe son autonomie, est la plus riche d’Espagne avec ses 25% de richesses produites.